Rares sont les séries qui osent tendre au spectateur le miroir de sa propre perversion. En 2008, la Britannique Dead Set raillait les fans de Big Brother, les comparant à une horde de zombies affamés prêts à se jeter sur des candidats livrés en pâture par ces jeux du cirque modernes. Unreal, un soap trash et cynique, met à son tour les pieds dans le plat. Créée par Marti Noxon (Buffy, Breaking Bad…) et Sarah Gertrude Shapiro, qui a produit une trentaine d'épisodes du Bachelor américain avant de faire une dépression nerveuse, la série dévoile les coulisses peu reluisantes d'une télé-réalité où un jeune, beau et riche célibataire doit choisir sa future femme parmi une dizaine de prétendantes. Mais en faisant le choix de les humaniser, Unreal prend le contre-pied des nombreuses parodies, qui préfèrent ridiculiser les participant-e-s. C'est là sa réussite : elle dézingue l'univers de la real TV en s'attaquant pour une fois à ceux qui la fabriquent (la toute-puissante prod, sans pitié et prête à tout pour faire exploser l'audimat) et, surtout, à ceux qui la regardent. Un peu à la manière d'un docu choc sur l'industrie de la viande, Unreal nous force à voir la (cruelle) réalité en face et semble dire : «Maintenant que vous savez comment c'est fabriqué, est-ce que vous assumez ?»
A la télé ce soir
«Unreal»: sévices publics
(crédit : Lifetime Network)
par Nora Bouazzouni
publié le 22 mai 2016 à 17h11
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