Trois mois après son départ de la maison Saint Laurent, Hedi Slimane assigne en référé le groupe Kering, propriétaire de la marque. La procédure aurait été plaidée le 26 mai au tribunal de commerce de Paris. Le styliste demande au groupe, pour lequel il a travaillé de 2011 à 2016, «une très importante indemnité, de plusieurs millions d'euros, pour rupture abusive de contrat», selon une source citée par l'agence Reuters.
La procédure concerne «les obligations de non-concurrence d'usage». Contacté par Libération, le groupe Kering a confirmé qu'il avait levé la clause de non-concurrence à l'échéance du contrat tandis que Hedi Slimane en demande l'application, avec le paiement des indemnités qui y sont assorties : «La procédure concerne les obligations de non-concurrence d'usage dont la collaboration de Hedi Slimane à la Maison Yves Saint Laurent était assortie. Kering a levé cette clause à l'échéance du contrat, libérant ainsi Hedi Slimane de cette possible contrainte. Hedi Slimane demande l'application de cette clause et le paiement par Kering de l'indemnité correspondante. Ce différend n'altère en rien la grande reconnaissance du groupe envers Hedi Slimane pour avoir, aux côtés des équipes d'Yves Saint Laurent, mené à bien une réforme holistique de la Maison durant ses quatre années à la tête de la création et de l'image de la marque».
Vaccarello pour calmer l'affaire
Il est d'usage dans le milieu de la mode d'imposer à un couturier de ne pas œuvrer pour une marque ou un groupe concurrent pendant une ou plusieurs saisons. Hedi Slimane préfère donc toucher cette indemnité, dont le montant et la durée n'ont pas été communiqués. Il balaye, de fait, un certain nombre de rumeurs qui le disaient prêt à prendre prochainement la suite de Karl Lagerfeld chez Chanel ou la tête de la maison Dior, après le départ de Raf Simons en octobre 2015. L'attaque d'Hedi Slimane contre le groupe de luxe, dirigé par François-Henri Pinault, prouve par ailleurs que les relations s'étaient sérieusement dégradées entre les deux parties malgré les ventes tonitruantes enregistrées par Yves Saint Laurent depuis l'arrivée de Slimane (+ 30% par an en moyenne).
Antony Vaccarello, successeur d'Hedi Slimane à la tête de la création de la griffe (redevenue Yves Saint Laurent depuis son arrivée), devra faire oublier cet imbroglio juridique lors de son premier défilé pour la célèbre maison, en septembre prochain.