Si, lorsque vous repensez aux défilés immenses de la manif pour tous, vous avez encore envie de vomir trois ans après, difficile de ne pas aimer Buck Angel. A lui tout seul, la star de porno américaine représente tout ce que les horrifiés du «gender» abhorrent. Il est un symbole, une nouvelle étape dans les rapports hommes-femmes. Avec son crâne rasé, sa légère barbe rousse, ses tatouages et ses airs de mec qui en a vu d'autres, Buck Angel est beau comme un camionneur. On aimerait bien qu'il nous prenne en stop le long de l'historique Route 66 pour filer vers la côte Ouest et la Californie, là où il réside.
L'acteur est né femme, en 1972. Impression d'être dans le mauvais corps, rupture familiale progressive, dispute, départ, prostitution… le chemin est long et compliqué avant qu'il n'entame un processus de changement de sexe. Aujourd'hui, plus masculin que le trans, tu meurs. Et pourtant, il a décidé de garder ses organes sexuels féminins, souhaitant toujours pouvoir avoir un orgasme et jugeant que la reconstruction du pénis n'est pas complètement au point. Dans un milieu, le porno, parfois aussi rétrograde et macho que les autres, il est devenu une star avant de se ranger des machines et de passer derrière la caméra pour mettre en avant des parcours de transsexuels. «J'ai décidé que je serai un homme avec un vagin qui aime le sexe», dit-il tout simplement. Sa performance avec Allanah Starr, première scène recensée de l'histoire entre un et une trans, entre «l'homme avec une chatte» et la «femme avec un pénis», reste un modèle indépassable du genre, une célébration de la fluidité du monde, de la vie et du plaisir.