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Procédure

Interdiction du spectacle de Bartabas : Tom Waits devra attendre

Le chanteur américain n'a pas réussi à interdire le spectacle du metteur en scène équestre, qu'il accuse par ailleurs d'avoir utilisé certains de ses titres sans autorisation.

Tom Waits en juillet 2008 au Grand Rex, lors de la tournée Glitter and Doom. (Photo Pierre Verdy. AFP)
Publié le 16/09/2016 à 12h20

Le chanteur américain Tom Waits a échoué jeudi à faire interdire le dernier spectacle équestre de Bartabas, à qui il reproche d'avoir utilisé certaines de ses chansons et de s'être inspiré de son univers. Il a aussi été condamné, avec sa femme, Kathleen Brennan, à verser 2 500 euros à Bartabas, et la même somme à sa société Zingaro, au titre des frais de justice. Le chanteur californien de 66 ans avait saisi le juge des référés du TGI de Paris pour demander l'interdiction d'On achève bien les anges (Elégies) qui doit reprendre du 30 septembre au 31 décembre au Théâtre équestre Zingaro, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Comme l'avait plaidé la défense de Bartabas, le juge des référés s'est déclaré incompétent, au profit du juge en charge d'une autre procédure, qui sera jugée sur le fond en octobre, pour contrefaçon. «Le théâtre équestre Zingaro et Bartabas, créateur de ce spectacle entièrement original et personnel, ne peuvent que se réjouir de cette décision», ont réagi les représentants de Bartabas dans un communiqué de presse. Le metteur en scène «s'exprimera dans les jours prochains afin d'apporter son éclairage» sur cette affaire «et rappeler son attachement au droit à la culture et à la liberté de création artistique».

Les «poches» de Tom Waits

Dans la deuxième procédure, en cours cette fois devant la 3chambre civile du tribunal de grande instance de Paris, Tom Waits poursuit Bartabas, qu'il accuse de violation des droits d'auteur et atteinte au droit moral, et réclame «plus de 500 000 euros», selon l'avocate de Bartabas, Me Sophie Viaris. Rappelons que le chanteur est coutumier du fait et que, très attentif à l'utilisation de sa musique, surtout dans les publicités, il a gagné de nombreux procès, dont le plus célèbre était, en 1992, contre la marque de chips Frito-Lay's, qui l'avait dédommagé à hauteur de 2 millions de dollars.

Le chanteur reproche cette fois au directeur du théâtre équestre d'avoir utilisé, sans son accord, une quinzaine de ses chansons ou enregistrements et de s'être inspiré de son univers visuel. «J'ai le sentiment que quelqu'un m'a fait les poches pendant que je tournais la tête», a dit Tom Waits à l'édition française de Vanity Fair en août, ajoutant : «Seize de mes chansons et enregistrements forment la clé de voûte narrative de ce spectacle […] En plus, sur scène, Bartabas semble vouloir m'incarner !»

«Bartabas a contacté une assistante de Tom Waits», elle a dit qu'il «n'était pas disponible pour une collaboration particulière mais qu'on pouvait utiliser les titres du catalogue», avait affirmé récemment Me Viaris. Ce feu vert aurait été donné en février 2015, trois mois avant la première d'On achève bien les anges (Elégies). «Toutes les autorisations ont été requises et obtenues dans le cadre de la production de spectacle», ont réaffirmé jeudi les représentants de Bartabas. Tom Waits aurait par ailleurs eu un réveil judiciaire tardif : en mai 2016, alors que deux cents représentations du spectacle de Bartabas avaient déjà été données. Et que, selon Télérama, l'Américain aurait su dès le visionnage de la bande-annonce du spectacle, en novembre 2015, que ses musiques étaient utilisées.