En tête, Jean-Michel Basquiat, grâce à la vente d'une toile géante de 1982 (2,38 mètres de haut et 5 mètres de large, sans titre) emportée à 57,2 millions de dollars chez Christie's New York en mai par le Japonais Yusaku Maezawa. Cette œuvre ne coûtait «que» 4,5 millions de dollars en 2004… Le précédent record pour l'Américain, mort d'overdose en 1988 à 27 ans, remontait en mai 2013 avec 48,8 millions de dollars pour Dustheads (1982). La vente des œuvres de «l'artiste contemporain le plus performant au monde» a généré 139,4 millions de dollars entre l'été 2015 et l'été 2016, précise Artprice.
Toilettes en or massif
Jeff Koons demeure, depuis trois ans, l'auteur de la sculpture contemporaine la plus chère du monde, note Artprice, via les 58,4 millions de dollars emportés par son Balloon Dog (orange) de trois mètres de haut, le 13 novembre 2013 chez Christie's à New York. L'exploit est moindre cette année puisque la même somme est atteinte avec près de 120 œuvres vendues depuis l'été 2015. «Il s'agit toujours d'une performance hors du commun, Koons générant un produit de ventes annuel plus important que celui de l'art contemporain en France.» Son œuvre vendue la plus chère dans l'année est une installation de la série Equilibrium (1985), pour 15,2 millions de dollars.
Maurizio Cattelan, qui avait annoncé arrêter sa carrière après une ultime exposition au Guggenheim en 2011, revient en force. Il se classe en troisième position de la liste des dix œuvres d'art contemporain vendues les plus chères dans l'année avec un nouveau record mondial: 17,1 millions de dollars pour Him (Lui), une œuvre subversive représentant Hitler agenouillé en prière, de la taille d'un enfant. Son précédent record est même écrasé de près de 10 millions de dollars. Cattelan vient d'installer des toilettes en or massif (America) au musée Guggenheim de New York, et sera exposé à partir du 21 octobre à La Monnaie de Paris, sous le titre «Not Afraid of Love».
Come-back de Monet
De tels niveaux de prix prouvent que le marché très haut de gamme n'est pas en crise. En revanche, signe des temps, les grandes sociétés de vente se sont recentrées sur le marché moyen de gamme. «Les transactions supérieures à 50 000 dollars ne représentent plus que 6% des lots contre 8% pour l'exercice précédent», souligne le bilan annuel d'Artprice. Mais si le marché mondial de l'art contemporain aux enchères a perdu un quart de son chiffre d'affaires entre juillet 2015 et juin 2016, c'est une correction attendue après une croissance spectaculaire de 1370% depuis 2000 et quatre fois plus d'œuvres vendues. Avec un résultat d'1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) contre 2,1 milliards (1,9 milliard d'euros) lors de l'exercice précédent, «le marché connaît une saine période d'ajustement, aussi nécessaire que prévisible» qui s'explique notamment par le recul des ventes en Chine, souligne Thierry Ehrmann, fondateur et PDG d'Artprice.
Avec une part accrue des recettes mondiales (12 % contre 9,6% lors de l'exercice précédent), «le contemporain est la locomotive du marché de l'art», dit Thierry Ehrmann. Les collectionneurs chinois se sont repositionnés en direction des artistes historiques, avec notamment trois transactions spectaculaires: Bassin aux nymphéas, les rosiers de Claude Monet (20,4 millions de dollars), l'Allée des Alyscamps de Vincent Van Gogh (66,3 millions de dollars) et Nu couché d'Amedeo Modigliani (170 millions de dollars).
La Chine, leader mondial du marché de l'art global, n'occupe que la troisième place en art contemporain avec 24% des recettes mondiales (contre 33% auparavant). Du coup, Etats-Unis et Grande-Bretagne, même s'ils affichent une baisse, représentent 65% des recettes mondiales. Les Etats-Unis ont vendu pour 582 millions de dollars d'œuvres contemporaines en un an (38% du marché); la Grande-Bretagne pour 399 millions de dollars. La France conserve sa quatrième place avec un volume d'affaires bien inférieur de 41,4 millions de dollars. Selon Artprice, «l'intensité des échanges reste élevée dans l'Hexagone, où il se vend chaque année davantage d'œuvres contemporaines qu'au Royaume-Uni ou en Chine».