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Mort du photographe Louis Stettner

Entre Paris et New-York, ce dessinateur, peintre, sculpteur et photographe a marqué son temps par ses portraits de gens du peuple. Une exposition lui avait été consacrée à Beaubourg, cet été.
Joueurs de cartes. Extrait de la série «Penn Station», New York,1958. ©Louis Stettner (Photo Louis Stettner. Centre Pompidou/Dist. RMN-GP)
publié le 14 octobre 2016 à 16h31

Louis Stettner avait exposé au centre Pompidou dans la galerie de photographie cet été. L'américain discret installé à Saint-Ouen est décédé à l'âge de 93 ans, le 13 octobre. Intitulée «Louis Stettner : Ici-ailleurs», l'exposition de Beaubourg avait mis la lumière sur le photographe arrivé pour la première fois en France en 1946. «Quelques mois avant d'ouvrir sa rétrospective au centre Pompidou, il photographiait encore dans les Alpilles avec un équipement d'une douzaine de kilos», note le conservateur Clément Chéroux dans le communiqué qui annonce sa disparition. C'est la vitalité et le charisme de l'homme que retiennent ceux qui l'ont fréquenté ; mais ce sont aussi des photographies à l'écoute du monde et un regard porté sur ceux qui n'ont plus grand-chose que l'on gardera. Il dessinait, peignait et sculptait aussi. «Peindre, dessiner m'aident à mieux voir la photographie. Je ne peux pas tout faire en même temps. Je photographie quand il m'est impossible de peindre ou dessiner», confiait-il dans une entretien pour le catalogue de l'exposition. Le portrait des enfants d'Aubervilliers (1949), bérets canailles sur la tête, est une image désormais célèbre. Un Paris humaniste, tendre et un brin gouaille.

Né à New York dans le quartier de Brooklyn en 1922, il traîne jeune au Metropolitan Museum pour regarder les tirages des photographes américains les plus connus. Plus tard Alfred Stieglitz et Paul Strand l'encouragent et, pendant la guerre, il devient reporter-photographe pour l'armée américaine dans le Pacifique. Après-guerre, il s'installe en France pour étudier à l'Idhec, l'école de cinéma, et fréquente Brassaï, Izis, Doisneau, Boubat ou Ronis. Aux Etats-Unis, il se rapproche de Weegee, Lisette Model ou Berenice Abbott. Parmi toutes ces figures, il forge un regard personnel toujours conscient du contexte politique et social. S'il collabore à Life, Time, Paris Match, National Geographic, il s'intéressera aux travailleurs dans les usines et fera des portraits de sans-abri à Manhattan circulant sans cesse entre les Etats-Unis et la France, et chérissant le lien entre la photographie et le réel. Il obtiendra le premier prix du concours mondial de la Pravda.

Cet été, le centre Pompidou lui rendait hommage en puisant dans les 211 clichés de sa collection. Beaubourg avait acquis trente épreuves puis avait reçu deux donations du photographe, ces dernières années.