Ça n’est faire injure ni à Massy ni à Castres, que d’affirmer que ces deux villes ne sont pas considérées comme des places fortes de la musique. Du rugby, à la limite – la première hébergeant un des meilleurs clubs d’Ile-de-France et la seconde ayant été championne de France pour la quatrième fois en 2013 –, mais pour ce qui est de la guitare ou de la batterie… Pourtant, la ville de l’Essonne possède un très actif centre culturel, Paul B, qui, chaque automne, autour du week-end de la Toussaint, met les petits plats dans les grands avec son festival, les Primeurs… Que relaie depuis l’an dernier la commune du Tarn, via sa scène de musiques actuelles, Lo Bolegason.
Jusqu’à samedi soir, voici donc l’événement créé en 1998 reconduit pour une dix-neuvième édition dont la trajectoire ne bouge pas d’un poil : comme son nom l’indique, les Primeurs entend en effet promouvoir des artistes aux sensibilités variées (rock, pop, chanson, blues, electro, musique du monde – cette dernière catégorie étant cette fois plus présente que naguère) mais pas près de se périmer puisqu’ils ont pour dénominateur commun de n’avoir sorti pas plus d’un album à ce jour.
Généreux vivier, où les professionnels viennent également butiner, le rendez-vous aligne ainsi une vingtaine de noms que Christian Maugein, l'inamovible directeur du festival, présente comme «un méli-mélo que nous voulons, à défaut d'être savant, pour le moins réfléchi, en privilégiant un accord de sensibilités plutôt qu'une logique d'esthétiques». Commencé mercredi soir en région parisienne, l'événement voit donc du pays puisque, depuis jeudi soir, il traverse 700 kilomètres pour y décliner une programmation bicéphale (avec trois quarts des artistes annoncés dans les deux villes) préconisant à sa manière, globalement très énergique, une forme amplifiée de réchauffement climatique. Parmi les pièces à conviction réunies – et éventuellement appelées à suivre la voie prospère des Jeanne Added ou Faada Freddy, entre autres invités des deux précédentes éditions –, on pourra ainsi mentionner le rock garage made in Madagascar des frangins Dizzy Brains (qui avaient obtenu bien des suffrages aux Transmusicales de Rennes 2015), la funky pop hédoniste des Papooz, deux jeunes Français aux titres anglophones peu portés sur le malaise existentiel (Ann Wants to Dance, Good Times on Earth) ou l'efficacité pop, clairement orientée années 80, des Messins de Grand Blanc qui ont déjà frayé dans pas mal de festivals ces derniers mois (Rock en Seine, Cabaret Vert…).
Ah oui, pour en revenir au rugby, Massy et Castres jouent à domicile ce week-end. Mais la vie étant parfois bien faite, leurs matches ont lieu dimanche, juste après que les Primeurs 2016 aient éteint leurs feux.
Les Primeurs, à Paul B, Massy (95), 01 69 75 12 80, et Lo Bolegason, Castres (81), 05 63 62 15 61. Les 28 et 29 octobre.