C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier. Il est une autre vérité, moins célèbre et moins reconnue, qu'une écrivaine dans la campagne anglaise au XIXe siècle voyait sûrement, comme nombre de ses congénères féminines de la gentry, le mariage comme un moyen d'émancipation (hélas!), ou en tout cas d'échapper à l'emprise de leur père ou leur frère.
On sait combien Jane Austen a pu tirer de cette idée fort déprimante des romans magistraux. Désormais, on saura aussi que l’écrivaine, restée célibataire jusqu’à sa mort, s’était créé ses propres certificats de mariage, avec des hommes dont on n’est toutefois pas certains qu’ils aient réellement existé. Les archives de son Hampshire natal viennent d’en faire la révélation, à l’occasion du bicentenaire de sa mort. Il est prévu d’exposer ces certificats de mariage rédigés de sa main, et proclamant son union avec deux hommes différents.
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Les documents ont été retrouvés dans le registre des mariages de Steventon, dans le sud-est de l'Angleterre, où elle passa sa jeunesse. Qui étaient les heureux élus ? Un certain Henry Fitzwilliam (oui lecteur, Fitzwilliam ! Comme Darcy!) de Londres, et un autre Edmund Mortimer (tu as bien lu lecteur ! Edmund ! Comme Bertram dans Mansfield Park!), de Liverpool. Jane Austen aurait eu facilement accès à ce registre, puisque son père était le pasteur de la paroisse de Steventon.
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« Ce document unique révèle un aspect différent du caractère de Jane. Elle devait être adolescente quand elle a écrit ces faux certificats, manifestant ainsi un côté malicieux », a commenté le conseiller à la culture du comté de Hampshire, Andrew Gibson, sur le site du comté. Jane Austen est morte en juillet 1817 à l'âge de 41 ans. On ne sait pas pour toi, lecteur, mais de notre côté l'événement sera au moins commémoré avec un Gin & Tonic.