Menu
Libération
Vu sur le web

La mode et le mystère de la licorne

L'industrie de la beauté a fait de l'animal mythique son nouveau totem. Au-delà de cette appropriation mercantile, se cacherait une volonté de se défaire du carcan social.
. (Photo capture d'écran. Tumblr )
publié le 6 avril 2017 à 14h05

Animal mythique, selon la légende, «féroce» si l'on en croit l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, la licorne ne se laisserait dompter que par une jeune vierge. En atteste la tapisserie datant de la Renaissance de la Dame à la licorne visible au musée de Cluny. Dans son article Pourquoi les filles aiment-elles les licornes ?, Slate analyse cet engouement : «Chez beaucoup de jeunes filles, il y a le fantasme qu'un jour vous serez reconnue comme secrètement belle et magique.»

Cette association historique entre féminité et animal légendaire est revisitée ces jours-ci par l'industrie de la beauté qui en tire profit. Les recherches Google à ce sujet ont d'ailleurs fortement augmenté en 2016. Sur Instagram, on ébroue des crinières aux couleurs de l'arc-en-ciel, sur YouTube fleurissent les tutoriels pour se greffer une corne sur le front (drôle d'idée), sans compter les innombrables pinceaux à maquillage, vernis à ongles Louboutin et même un maquillage pailleté peu ragoûtant baptisé «morve de licorne». Cette palette dorée et bigarrée s'invite également dans l'assiette avec des toasts chamarrés.

Cette version dévirilisée du cheval évoque une régression très seyante vers l'époque de Mon petit poney. Le site Racked confirme, les licornes qui ont «longtemps été un symbole de pureté dans le christianisme […] sont devenues des créatures à paillettes grâce au bon vieux capitalisme et à la pop culture du XXsiècle».

Le site Jezebel qui juge que «l'industrie de la beauté a un problème de licorne», citant un essai de Skye Alexander, Unicorns : The Myths, Legends, & Lore, y voit une volonté d'évasion de la réalité. «Une créature indomptée qui ne souscrit pas aux règles de la société.» Pas étonnant, selon le site, que les licornes soient associées à deux pans mésestimés de la population : les pucelles et les hommes gays, qui se sont approprié ce symbole aux couleurs de l'arc-en-ciel.