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Libération
Honneur national

«Kingsman» ne régnera pas sur le Cambodge

Le pays vient d'interdire la comédie d'espionnage de Matthew Vaugh, jugée insultante pour le pays.
L’ex-agent Galahad (Colin Firth) dans un very bad strip. (Photo Twentieth Century Fox)
publié le 13 octobre 2017 à 13h08

Sorti sur les écrans français mercredi, le film Kingsman: le cercle d'or a été interdit au Cambodge, le régime ayant jugé qu'il dépeignait faussement le pays comme un «havre pour les criminels» du monde entier. Présentée sous la forme d'un pastiche riche en scène d'actions, la comédie d'espionnage hollywoodienne signée Matthew Vaughn, suit une agence britannique partant à la recherche d'un trafiquant de drogue qui se cache dans un temple au milieu de la jungle.

Suite d'un premier Kingsman inspiré d'une bande dessinée, qui avait rapporté 405 millions de dollars, le film - où l'on retrouve Jeff Bridges, Julianne Moore, Colin Firth et Halle Berry -, n'a pas été tourné au Cambodge. Il n'en est pas moins jugé «inacceptable» par Bok Borak, en charge du cinéma au ministère de la Culture cambodgien, qui a confirmé à l'AFP «l'interdiction de ce film dans notre pays». Il lui reproche de «présenter un de nos temples comme un lieu de production de drogue, où l'on tue des gens», déplore le représentant du gouvernement de Hun Sen, Premier ministre au pouvoir depuis plus de 30 ans. Au cœur du débat: la ressemblance du temple du film avec le temple Ta Prohm, à Angkor, qui est déjà l'objet d'une scène dans Lara Croft.

Le Cambodge est connu pour être une plaque tournante du trafic de drogue, au premier rang desquelles méthamphétamines et héroïne, mais aussi comme un repère pour les criminels du monde entier en cavale, comme la Thaïlande voisine.

Le régime autoritaire de Hun Sen s’est lancé dans une entreprise d’étouffement de l’opposition, arrêtant ou poussant des opposants accusés de fomenter une «révolution de couleur» lors des élections législatives de juillet 2018, avec le soutien de Washington.

Hun Sen prononce quasi quotidiennement des diatribes anti-américaines, se posant comme le protecteur de la Nation et de son identité. En août, il avait ordonné la fermeture d’une ONG américaine venant en aidant aux enfants prostitués dans son pays, après un reportage de CNN qu’il considérait comme une «insulte». Il avait finalement fait machine arrière.