Séries, documentaires, programmes jeunesse… Retrouvez les recommandations de Libération pour savoir quoi regarder sur vos écrans cette semaine. Après une fournée spéciale Halloween en début de semaine, contentons-nous pour ce week-end de deux docus, un film et un bonus !
Pour un régime alternatif
Les lentilles : le remède à la faim dans le monde, (documentaire, 52min, ARTE)
Le saviez-tu ? Cent grammes de lentilles contiennent autant de protéines que n’importe quelle viande. Sans parler de sa teneur en fibres, minéraux et autres oligo-éléments. Une championne nutritionnelle, mais pas que : cette légumineuse, que nos ancêtres consommaient déjà il y a 13 000 ans, supporte mieux les climats arides que son pote le pois chiche et ses nodules stockent l’azote, qui agit comme un engrais naturel. Une aubaine pour les petits exploitants qui n’ont pas les moyens d’acheter des intrants chimiques pour augmenter leur rendement. La lentille ne paie pas de mine, mais cette «protéine du pauvre», consommée quotidiennement là où la viande, trop chère, est inaccessible au plus grand nombre, est aujourd’hui considérée comme une des clés de notre salut, qui passera nécessairement par l’adaptation au changement climatique et à l’explosion démographique.
À travers le monde, les généticiens travaillent donc main dans la main avec les paysans pour mettre au point des lentilles plus résistantes et enrichies en micro-nutriments, afin de prévenir la malnutrition. Ce documentaire (diffusé le samedi 4 novembre par Arte) nous emmène sur les terres du caviar végétal : Maroc, Inde, Éthiopie… et Canada. Flairant le filon, le Saskatchewan est en effet devenu la première région productrice de lentilles au monde, grâce à l'utilisation massive de pesticides. Une mauvaise nouvelle pour la biodiversité et les petits agriculteurs d'ailleurs, qui n'est pas sans rappeler les conséquences de la quinoa-mania. (Nora Bouazzouni)
Pour explorer la tête d’un sociopathe
Imposture(s) (documentaire, 2x2 heures, Canal +)
Le pôle documentaires de Canal + voudrait-il rivaliser avec les docus «true crime» à l'américaine type The Jinx (HBO) ou Making a murderer (Netflix) ? La question se pose à la vision de l'ambitieux Imposture(s), qui prend comme sujet d'étude le cas Christophe Rocancourt, serial escroc normand qui a conquis Hollywood par l'arnaque entre les années 1990 et 2000. Diffusé en deux parties de deux heures chacune, Imposture(s) raconte dans un premier temps, en ne s'attachant qu'aux faits, la vie hors-sol de Rocancourt, passé de la DDASS à Beverly Hills puis aux plateaux télés dans un enchaînement ininterrompu d'arnaques invraisemblables et d'incarcérations, puis de marchandisation de sa propre histoire.
La deuxième partie prend du recul et s'interroge sur la psychologie de ce prédateur mythomane et sur la fascination malsaine que provoque cette «ombre nihiliste du capitalisme» comme le désigne le psychanalyste Roland Gori. Rocancourt traque les moindres faiblesses chez ses proies, qu'il s'agisse de magnats californiens de l'immobilier ou de sa propre sœur, les séduit en prenant son temps puis disparaît avec le butin. Aux commandes de ce documentaire «ni à charge, ni à décharge» selon Canal + : Olivier Megaton, réalisateur de productions Luc Besson épileptiques (deux suites de Taken et une du Transporteur), dont le goût pour les décors d'interviews inutilement grandiloquents colle étrangement à la superficialité de son personnage. «J'ai choisi cette vie d'exploiter la connerie humaine», répète Rocancourt au cours des trois entretiens qu'il a accordés à Megaton. Une question se pose alors : qui Rocancourt arnaque-t-il en participant de son plein gré à la déconstruction de son «mythe» ? Ce sont peut-être les spectateurs finalement, qui accorderont quatre heures de leur temps à un sociopathe qui ne laisse jamais apparaître une once d'humanité. Comme ses victimes, on sort finalement sans trop de remords de l'expérience, avec même une sympathie contradictoire pour cette cause perdue qui, encore aujourd'hui, ne semble avoir aucun désir de rédemption. (Adrien Franque)
Pour une histoire de monstres
Colossal (film, 1h54, VOD)
Après une sortie fin juillet en e-cinema (comprendre : directement en VOD mais pour plus cher qu'une location normale…), le très singulier Colossal est désormais disponible à prix normal. Signé Nacho Vigalondo, petit génie espagnol avec une belle filmographie à tout juste 40 ans (Timecrimes, Extraterrestre, Open Windows), le film a le mérite d'être encore plus surprenant que son pitch initial (et sa bande-annonce) ne le suggéraient. Ce qui est en soi une gageure compte tenu du sujet : New-Yorkaise larguée par son mec et sans emploi, Gloria (Anne Hathaway) retrouve sa ville natale et un de ses potes d'adolescences, Oscar (Jason Sudeikis), désormais tenancier d'un bar miteux. Au même moment, un monstre géant façon Godzilla terrorise la ville de Séoul, en Corée du Sud. Mega surprise : contre toute attente, Gloria réalise peu à peu que ce monstre…c'est elle. Enfin plus ou moins.
De ce postulat zinzin qualibré pour de la comédie fantastique - c'est d'ailleurs ce que vend efficacement le trailer visible ci-dessus - le film s'éloigne progressivement pour explorer des zones plus sombres, évoquant sans détour le basculement pas si rare du «mec bon pote» au «psychopathe inquiétant» en cas de rejet par la gent féminine. Dans le rôle d'une fille paumée trop portée sur la bouteille et étrangement liée à une créature improbable, Hathaway livre clairement l'une de meilleures performances de sa carrière. (Alexandre Hervaud)
Bonus :
L'excellent acteur américain Jeff Goldblum, à qui Libé a récemment consacré un portrait, est actuellement à l'affiche du très fun Thor : Ragnarok. A l'occasion de la promo de cet énième film Marvel, le comédien s'est prêté à un étrange jeu devant les caméras de GQ : évaluer des tatouages représentant son visage à jamais gravé, parfois de manière plus qu'inventive, sur le corps de ses fans. (A.H.)