A la fois scène musicale, théâtre et maison de la poésie, la Cave Poésie de Toulouse a fêté en 2018 ses cinquante ans d'existence. La petite salle (120 places) organise en ce début d'année une semaine d'événements poétiques, et invite pour l'occasion Emmanuel Adely, Emanuel Campo, Nathalie Yot avec Denis Cassan, Laura Vazquez (ne ratez pas les revues Muscle), Nicolas Vargas, Chiara Mulas…
A noter aussi, ce mardi, une lecture musicale de la Descente de l'Escaut de Franck Venaille. Et mercredi, la soirée sera consacré à l'impro avec Serge Pey, accompagné par les musiciens Beñat Achiary et Julen Achiary.
L'occasion, ce lundi, de lire un poème du dernier recueil du «poète d'action» Serge Pey, qui est aussi par ailleurs le président de la Cave Poésie.
Dans la Mesure du bol et autres distances, Serge Pey se fait l'écho de rites païens dont le bol, cet objet fait «de terre mouillée», serait le médium : ses textes sont des «poèmes de cérémonie», comme il l'annonce en sous-titre. Au fil des 206 courts textes du recueil, le narrateur est à la fois le potier et le bol, grand prêtre et poète. Voici le 117e poème du livre.
CXVII
Avec mon bâton
je bats la rivière
et l'exhorte à danser
avec ses pierres
Mon bol sur la berge
est le témoin d'un noyé
principal
que je n'ai jamais secouru
alors qu'il se débattait
dans ses aveux
La mer a peur
et couve des ruines
dans ses flancs de sable
et de bateaux
Le mal a été conduit
aux travaux forcés
du bien
Ce bol rempli de sel
a une raison
d'homme et de mer
et lave des oiseaux
salis par le ciel
Serge Pey, La mesure du bol et autres distances, éd. Le Bois d'Orion, 215 pages, 24 euros
«La poésie c'est le pied», du 14 au 19 janvier à la Cave Poésie à Toulouse. Programme sur le site.