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Libération
Les pages jeunes

Solotareff à la découverte de la litho

Chaque mercredi, «Libération» fait le point sur l'actualité du livre jeunesse. Aujourd'hui, visite de l'atelier parisien de l'auteur de «Loulou».
Le dessin préparatoire de Solotareff, à l'atelier à fleur de pierre. (Photo DR)
publié le 3 avril 2019 à 15h36

Il existe dans Paris des endroits encore à l'abri du fracas du temps où le bruit de la ville disparaît. Rue de Nantes, dans le XIXarrondissement de Paris, près du canal de l'Ourcq, se cache dans une petite cour une maisonnette aux poutres apparentes et aux fenêtres bleues. A l'intérieur, un atelier de lithographie dont les murs sont couverts de pots de peinture et d'estampes d'artistes, dans une atmosphère bordélique apaisante.

Le lieu, avec ses vieilles presses d’avant-guerre qui ne sont plus fabriquées, fait rêver. L’atelier a été fondé par Jacques de Champfleury en juillet 1974, repris ensuite par son fils Etienne, et son acolyte Laurence Lépron.

On y est allé, l'autre jour, pour regarder travailler le célèbre auteur jeunesse Grégoire Solotareff, avant l'exposition Empreintes graphiques au Pulp festival, du 5 au 28 avril. Des lithographies (sur pierre calcaire) ou des gravures en taille-douce (sur une plaque de métal) de grands auteurs contemporains comme Edmond Baudouin et Posy Simmonds vont être présentées à la ferme du Buisson. «Il y aura avec aussi des machines, des pierres et des films qui expliquent comment on réalise une lithogravure, tout comme des plaques et les œuvres originales de chacun des artistes où on montre une planche et un dessin», explique ainsi Lucas Hureau, du label Mel Publisher, partenaire de l'exposition. Elle a été pensée en partie pour les scolaires de Seine-et-Marne qui vont pouvoir découvrir ces vieilles techniques où l'acide nitrique et la gomme arabique règnent encore en maîtres. Pour l'occasion, Etienne de Champfleury va amener une petite mais déjà imposante presse en bois, datant de 1927. Il va l'utiliser devant eux et leur expliquera le fonctionnement de sa voix douce (pour nous, on a bien écouté, mais ça reste assez obscur, sans doute est-ce le charme aussi, que cela continue de paraître incroyable).

Joëlle Jolivet, Marc Boutavant, Grégoire Solotareff, trois auteurs jeunesse ont donc travaillé sur la même pierre calcaire, des pierres qui peuvent être réutilisées plusieurs milliers de fois (mais on suspecte qu’elles gardent en elles la mémoire de tous les dessins précédents). Ils seront en dédicace à Noisiel.

Grégoire Solotareff à l'atelier A fleur de pierres. Photo Mel Publisher

Pour Grégoire Solotareff, c’était la première fois, la découverte d’une technique nouvelle. Il venait dessiner les deux grands amis Loulou le loup et Tom le lapin. Les premiers traits ont été difficiles, à travailler directement sur la pierre, debout. Peu importe, pour un vieux lecteur comme nous, il y avait quelque chose de fascinant et d’émouvant à voir apparaître puis passer à l’encre ces célèbres personnages. Et on se met à la place des enfants, ce week-end, qui auront la chance de repartir avec une petite litho, en noire et blanc.