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Libération
Lyrique

«Les Contes d'Hoffmann», l'opéra de Bordeaux à l'heure d'Offenbach

Nouvelle ouverture de saison sur l'oeuvre du Mozart des Champs-Elysées. Un bon cru malgré une mise en scène un brin sage.
publié le 28 septembre 2019 à 12h45

Pour la troisième année consécutive, l'opéra de Bordeaux ouvre sa saison sur un air d'Offenbach. Faut-il s'en attrister ? Pas du tout. Outre le lien entre le vin, la ville et l'oeuvre, via les nombreux toasts venant perturber dans des grands éclats de chopes les opéras du Mozart des Champs-Elysées, ce festival au long cours permet de goûter à la légèreté d'un certain répertoire français par un de ses plus intéressants chefs, Marc Minkowski. Cette année, place aux Contes d'Hoffmann.

Minkowski aime Offenbach, heureusement, et avec l'aide de l'Orchestre national Bordeaux Aquitaine, livre une interprétation investie de ces Contes. Avec une fragilité respectée («Offenbach, ce n'est pas que du ploum ploum», nous confiait-il un jour) et une vivacité alerte dans les scènes de choeur. Dans la fosse, le son mat et moelleux de l'orchestre surprend : on pourrait le croire joué sur cordes boyaux. En bonus, le retour d'airs pendant le changement de plateau avant l'épilogue, et notamment la fameuse Barcarolle, version instrumentale, achèvent de conquérir le public.

La distribution, suffisamment charpentée pour tenir les trois heures de spectacle et les nombreux double, voire triple rôles, aligne de bonnes surprises, comme la soprano Jessica Pratt ou le ténor Adam Smith, appelé à la rescousse après la défection pour raisons de santé du chanteur initialement prévu pour le rôle. Cette péripétie réaffirmant comme d’habitude le caractère maudit de cette oeuvre qui ne compte plus les avanies survenues depuis sa création posthume en 1881. Complètent le tableau d’intéressants jokers comme le ténor Marc Mauillon, ou la mezzo Aude Extrémo, qui tiennent les fondations de la maison.

La mise en scène, confiée à Vincent Huguet, qui s'était déjà occupé de la Vie parisienne à Bordeaux il y a deux ans, se révèle sage. Elle évite le poncif de la réinterprétation d'Offenbach colorée avec scènes de choeurs délirantes. Et préfère s'adresser à la partie sombre de cette oeuvre qui égrène les mésaventures amoureuses et fantastiques de l'écrivain ETA Hoffmann (adapté de ses propres textes). Ce faisant, elle s'assèche en chemin et reste comme prisonnière de son exploit scénographique, une représentation massive du bâtiment de l'opéra de Bordeaux. Avec, en clin d'oeil, la représentation fugace de Don Giovanni, opéra de Mozart que Stella, la dernière des maîtresses d'Hoffmann, interprète pendant que ce dernier raconte ses aventures.

"Les Contes d'Hoffmann" d'Offenbach, ms VIncent Huguet, dir.mus. Marc Minkowski, jusqu'au 1er octobre.