Menu
Libération
Chronique «Mardi Comédie»

«L'Art de l'autodéfense», comédie ceinture noire

Satire sur la virilité, le film de Riley Stearns, disponible en VOD, met en scène Jesse Eisenberg dans le rôle d'un apprenti karatéka bien décidé à devenir un homme, un vrai.
Jesse Eisenberg dans «l'Art de l'autodéfense». (Capture d'écran YouTube. Bleecker Street)
publié le 26 novembre 2019 à 19h04

Stand-up, séries, YouTube… Tous les mardis ou presque, retrouvez une recommandation de Libération liée à la comédie.

C'est quoi ? Deuxième film du réalisateur Riley Stearns (après Faults, non distribué en France, qui traitait déjà d'emprise sectaire), l'Art de l'autodéfense s'est fait remarquer cette année dans divers festivals (notamment au dernier Etrange festival au Forum des images à Paris) tout en connaissant un petit succès critique aux Etats-Unis au moment de sa sortie cet été. Une «sensation indé», selon la typologie en vigueur, qui n'a eu droit chez nous qu'à une discrète arrivée sur les plateformes de VOD ce mois-ci.

De quoi ça parle ? Casey (Jesse Eisenberg, pâle et rigide, donc à plein-emploi), timide comptable trentenaire un brin terrassé par la vie, s'inscrit dans un club de karaté au lendemain d'une sauvage agression par un gang de motards. Son professeur d'art martial (Alessandro Nivola, premier degré à l'extrême) le prend sous son aile, lui inculquant les fondamentaux de la virilité, qui consistent, entre autres, à délaisser le soft rock pour écouter du metal ou à apprendre l'allemand plutôt que le français («Un peuple connu pour capituler facilement»). Casey se lance à corps perdu dans cette conquête d'une masculinité endurcie, au fil des rites de passages (ceintures, missions) déroulés par son sensei.

C'est drôle ? Sous sa photo toute en teintes mornes censée refléter la personnalité beige de son héros, l'Art de l'autodéfense réussit plus ou moins son programme de film-cocotte-minute, l'escalade esquivant (mais pas toujours) les rebondissements attendus. Surtout, entre ses accès de violence et ses gags brutaux, le film balance habilement propos critique sur la virilité, sans donner dans le pensum théorique mais avec tout de même quelques high-kicks qui se perdent dans des tartes à la crème, et comédie noire, avec un humour très à froid voire inquiétant (on pense notamment à Blier ou Dupieux). La satire est sublimée par la présence surprise d'Alessandro Nivola, acteur assez quelconque s'épanouissant ici dans le rôle du mâle alpha esclave de son modèle, et donc inévitablement pathétique.

Pour ceux qui aiment détester Karaté Kid, les teckels, les films de Bertrand Blier et Quentin Dupieux, le podcast les Couilles sur la table