Le « sombre balbutiement » de ses textes chavire André Breton dans un songe, c'est « un bois de lauriers découvert dans mon enfance ». Julien Gracq décrit dans Lui l' « un des possibles » du « surréalisme à l'état natif », décèle un ton sans « guère d'équivalent », une « outrance » atteignant « aussi bien cette passion que cette dérision de la modernité ». Un parrainage aussi somptueux n'assure pas une notoriété. On connaît mal Stanislas Rodanski. L'homme et l'œuvre, comme disait naguère une université qui se délecte du cadavre refroidi de Rimbaud mais ignore celui encore chaud de Rodanski.
Pourtant l'un et l'autre, après quelques saisons fulgurantes, ont choisi de se vautrer précocement dans le silence. Arthur voyage. Stanislas s'enferme. En 1954 – à 27 ans et presque toute son œuvre derrière lui – il se fait admettre à l'hôpital Saint-Jean de Dieu, antre de la psychiatrie lyonnaise. Il y meurt 27 ans plus tard – à 54 ans – dans la nuit du 22 au 23 juillet 1981. Tandis que la presse commente mollement cette disparition, un comédien donne à entendre La Victoire à l'ombre des ailes (l'un des plus beaux textes de Rodanski) dans une salle moite du festival d'Avignon. Comme d'autres, l'acteur Ariel Garcial Valdez ne peut plus vivre sans Stanislas Rodanski. Entre nous soit dit, moi non plus (cf. Libération des 30/07/1981 et 19/03/1982).
Des carnets dispersés
Deux volumes de tex