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Air connu

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Le 26 mai 1974, un Lou Reed fraîchement peroxydé passe à l’Olympia ; la veille, c’est Captain Beefheart qui gratifie les Franciliens d’un concert à Jouy-en-Josas. Deux mélomanes débattent (possiblement dans la tête d’une seule et même personne) – une chronique parue dans Libération du 1er et 2 juin 1974.
par Jean-Noël Ogouz
publié le 2 juin 2020 à 11h43

— T’as été voir Loulou dimanche ?

— Le pied, mec ! L’Olympia était bourré ; frimeurs, poseurs, journaleux, freaks, rockers, minets venus voir «Take a walk on the wild side», et des égarés qui s’attendaient au bazar de Fugain. En première partie, il y a eu un groupe anglais undeurgraounde, Ducks Deluxe, formé à l’automne 1972, qui donne dans le bon vieux rock avec «Carol» et des reprises des Stones ou des Flamin’ Groovies. Marrant de voir ces loustics de trente balais qui swinguent comme des fous. RCA vient de…

— Pourquoi tu cites une maison de disques, sale agent capitaliste, promoteur des boîtes de show-biz ?

— …sortir leur premier disque. Lou Reed a joué une heure et quart et tout y a passé. «Take a walk…», «Rock and Roll», et d’autres morceaux du temps du Velvet comme cette vision suicidaire de «Heroin» et un «White Light White Heat» remanié, ultra-rapide, et qui a fait passer plus d’un frisson.

— Tu causes comme un critique rock. Et son orchestre, il paraît qu’il a un guitariste assez saignant ?

— Oui, c’est Danny Weis, qui fit partie du groupe américain Rhinocéros à ses débuts. Et puis franchement, c’est surtout son groupe qui est impressionnant. Ce genre de rock-star, ça sait…

— Salaud, pourquoi tu parles tout le temps des stars de la pop espèce de sale agent du capi… etc…

— … ça sait s’entourer. Le bassiste, malgré une allure minet Strasbourg St Denis Frank et Fils, combine une technique parfaite et un feeling rare, et Danny Weis joue comme s’il devait mourir à la fin du mor