Sur la place du Palais-Royal, un attroupement a bravé la pluie pour agiter la bannière de la CGT Spectacle. A quelques mètres, au Conseil d'Etat, les représentants des théâtres et du cinéma sont venus contester, ce lundi, le prolongement de la fermeture des lieux culturels. A la différence des commerces «non essentiels» où les foules laissent libre cours à la fièvre acheteuse de Noël, les salles de spectacle n'ont pas obtenu le feu vert pour rouvrir le 15 décembre.
Il était conditionné à une embellie sanitaire jamais concrétisée (5 000 contaminations par jour). «Je souhaite que les débats se fassent de la façon la plus sereine possible», prévient le juge des référés affable, anticipant la coloration passionnée des débats. Face au porte-parole du ministère de la Santé, les représentants des organisations professionnelles listent les libertés bafouées par ce qu'ils dénoncent comme une «inégalité de traitement manifeste» : liberté d'entreprendre, liberté d'association, liberté artistique, droit d'accès à la culture. L'audace de l'argumentaire des théâtres parisiens, représentés par le cabinet Bourdon, s'est même concentrée sur ce dernier point dans l'espoir de consacrer le droit d'accès à la culture (reconnu par les Nations unies et le préambule de la Constitution de 1946) comme liberté fondamentale, et d'établir une jurisprudence inédite.