Il ne devrait plus tarder. Le rendez-vous est fixé depuis un bout de temps à la terrasse d’un café parisien, à deux pas des studios de sa maison de disques Don Dada Records. En patientant, une question parmi toutes celles qui s’apprêtent à être posées revient à l’esprit : comment Infinit’, rappeur estimé et expérimenté, 35 ans déjà, entouré de confrères et amis aux noms retentissants tels qu’Alpha Wann, a-t-il pu attendre si longtemps avant de sortir son premier album, intitulé 888 ? Serait-ce le fait qu’il vive toujours dans ses Alpes-Maritimes natales, à 900 kilomètres en marge du business parisien ? Des accidents de parcours, peut-être ? Ou une stratégie marketing pensée sur le très, très long terme ? Rien ne sert de continuer de spéculer : le voilà qui traverse la rue, lunettes fumées sur le nez, vêtu de noir et du pas de celui qui connaît bien le quartier. Salutations franches, Infinit’ s’assoit, commande un café, s’allume une clope, visiblement rodé à l’exercice de l’interview et prêt à dissiper le nuage d’interrogations. Avec lui, pas de baratin. Si les réponses sont longues, c’est que le sujet en vaut la peine. Sinon, il use du laconisme : «En fait, c’était juste le bon moment pour sortir un album.» Il va falloir creuser un peu.
Charbonneur de studio
C’est qu’Infinit’ n’est pas un inconnu. Il est bardé d’une petite aura, d’une estime que lui portent à la fois ses pairs depuis ses débuts dans l’underground sudiste, et également un public plus large depuis sa percée en 2017, ju