La plupart des gens connaissent Watteau. Très peu ont entendu parler de Claude Gillot, son aîné de 11 ans, qui fut son maître entre 1705 et 1708 et qui l’influença comme nul autre. «Watteau n’emprunta pas seulement à Gillot les thèmes qui l’inspirèrent toute sa vie, en particulier les fêtes galantes et les scènes de théâtre, lit-on dans le catalogue de la grande rétrospective Watteau de 1984 au Grand Palais, mais encore le style schématique de ses premiers dessins.» L’exposition que le musée Magnin, à Dijon, consacre à Gillot révèle son génie de dessinateur, d’illustrateur, mais aussi comment il a influencé le créateur de Gilles. L’exposition a été décrochée du Louvre en décembre 2023, cinq jours après l’ouverture : des infiltrations menaçaient les œuvres. On l’a donc déplacée, ce printemps, au musée Magnin. En cours de route, certains prêts ont rejoint leurs musées et collectionneurs. Il en reste assez pour que l’ensemble mérite le déplacement.
Dans les années où Watteau travaille avec Gillot, il est parfois aisé de confondre leurs dessins, même si, rapidement, le plus jeune saura conduire la grâce qu’ils partagent vers le mystère et l’essentiel. Surtout, il va peindre, tandis que Gillot se consacre surtout aux gravures, aux almanachs, aux illustrations virtuoses de textes, comme les Fables