Devant le fastueux rideau de la salle Richelieu, Lady Macbeth s’arrache les cheveux, au sens propre. La couleur du tissu qui plisse derrière elle est rouge sang, comme celui qu’elle et son époux verseront, de plus en plus épais, de plus en plus coupable, le long de ces quelque deux heures d’un spectacle hybride, une hybridité pas tout à fait shakespearienne, pas tout à fait maîtrisée peut-être.
Silvia Costa a tranché cruellement dans le texte comme le seigneur Macbeth dans le corps de ses ennemis. Réduite à une poignée de personnages dont certains débarquent tardivement sur scène, rendant l’intrigue dangereusement arbitraire, la fable shakespearienne semble tenir en quelques lignes, concentrée en une fatale mécanique. Macbeth victorieux au combat se voit promis à un avenir royal. Pour accélérer son destin, son ambitieuse et terrible épouse le convainc de tuer Duncan, roi d’Ecosse. Mais c’est encore trop peu pour s’assurer le pouvoir, il faut tuer l’ami, puis l’allié, peut-être même toute sa descendance. Le spectacle, très peu bavard et qui troue les scènes de longues séquences silencieuses, réduit à ces étapes principales, écartant grandes tirades et atermoiements, condamne le récit à n’être qu’une suite de crimes, sans qu’on ne saisisse bien l’évolution des personnages, l’abolition de leurs craintes