«J’espère que tu as tué beaucoup de boches. Si tu voulais m’envoyer une balle allemande, je serais bien contente.» Françoise, 6 ans en juillet 1915. Parfois dans les expositions, les citations collées aux murs sont inutiles, paraphrasent ou parasitent ce que disent les œuvres. Dans les salles de la Contemporaine, à Nanterre, ces phrases sont au contraire évidentes et indispensables. Elles transmettent la parole de ceux que nous allons regarder dans les yeux tout au long du parcours de l’exposition, pas si long (deux grandes salles), mais tellement ample : les enfants embarqués dans les guerres, instrumentalisés, blessés, enrôlés. Endoctrinés aussi, gérant comme ils peuvent la violente réalité qui compose désormais leur monde, se réappropriant, comme Françoise, les balles et le vocabulaire des soldats. Un peu plus loin, il y a la phrase de Gitta, 16 ans en 2008 au Népal. «Ils m’ont fait marcher sans nourriture. C’était dur durant les batailles, alors, tu sens l’effroi et tu ne sais pas si tu ne vas pas peut-être mourir.»
Dans les vitrines ou accrochés aux murs, des livres d’enfants, la couverture de Bécassine chez les Alliés, des jouets, des dessins et brochures de propagande. Beaucoup de photographies aussi, comme celles de la photojournaliste américaine Thérèse Bonney (1894-1978) suivan