Avant nous, sur la Seine, il y avait des mammouths. Enfin, au moins un : le moulage de sa défense est dans l’expo «Dans la Seine», à la Crypte archéologique de l’île de la Cité, à Paris, où l’on apprend qu’à l’époque de ce Mammuthus primigenius, il y a vingt-huit mille ans, l’environnement était glacial et steppique (n’allez pas vous plaindre des rigueurs de l’hiver).
Cette fascinante recension, rassemblant ce que le fleuve, ses alluvions et sédiments ont pu recracher de plus singulier depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, révèle en coupe une histoire du territoire. La Seine étant, depuis la protohistoire, une des voies navigables les plus empruntées à l’échelle de l’Europe, ses environs ont été pas mal fréquentés. Citons successivement les hommes de Néandertal, Gaulois et Romains, artisans au Moyen Age (d’où la rue de la Verrerie, le quai de la Mégisserie…) sans oublier les archéologues du dimanche qui, au XIXe siècle, se mêlent aux chiffonniers pour mettre au jour nombre de ces artefacts. Ainsi le méticuleux Jules Reboux, passé aux oubliettes de l’histoire, fit-il un travail ahurissant à partir de ses promenades dans les vestiges asséchés de la Seine, classant ses silex du Paléolithique en imaginant leurs différents usages, reportant tout cela sur des relevés stratigraphiques extraordinairement précis…
Qu’apprend-on encore, dans le parcours ? Qu’à l’époque des Celtes gaulois, l’on jetait aux sources du fleuve des ex-voto de calcaire à la simplicité quasi-cycladique