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Muet

A la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, les silences radieux de Pola Negri

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La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé consacre un cycle à l’actrice qui affola les années 20 et 30 en Allemagne puis à Hollywood, tant par ses rôles sensuels que par sa liberté personnelle. Nonobstant son image de séductrice, elle se montra brillante dans tous les registres, avant de tomber dans l’oubli avec le cinéma parlant.
Pola Negri dans «Hôtel impérial», 1927.
publié le 11 avril 2025 à 17h18

A quoi tient la fascination qu’exercent les divas du muet ? Est-ce d’avoir été les témoins d’un cinéma en train de s’inventer ? Ou parce que cet art balbutiant sut magnifier comme nul autre leur beauté tremblée, rendue à l’obsolescence des pellicules grêlées et rongées par le temps ?

Icône du cinéma allemand des années 20, puis star excentrique dont le glamour ténébreux brillera au firmament hollywoodien jusqu’à l’orée du parlant, Pola Negri est de ces actrices dont il semble que le cinéma ne fut créé que pour fétichiser le corps : silhouette énergique, pâleur diaphane et chevelure de jais, sourire matois et regard charbonneux soulignant ses longs yeux de fougère. Photogénie des contrastes à même la peau. Ombre, lumière, mouvement.

C’était à la danse et au théâtre qu’elle se destinait à l’origine. Née en Pologne, alors sous domination russe, Barbara Apolonia Chalupiec, de son vrai nom, faisait des débuts remarqués sur les planches à Varsovie, quand le cinéma lui ouvre ses portes. Esclave de ses sens (1914), film aujourd’hui perdu, puis Bestia (1917) d’Aleksander Hertz amorçaient les rôles de femme fatale à la sensualité vénéneuse qui souvent lui colleront à la peau. Elle y campait une jeune fille, éprise de liberté, séduisant un homme marié par ses danses audacieuses.

Rejoignant la troupe du dramaturge Max Reinhart puis les studios de la UFA à Berlin, sa grâce effrontée et son abattage subjugue Lubitsch qui en fait la muse de sa période allemande. Entre deux danse