On peut toucher ? Dans les musées, c’est l’interdit ultime et même probablement la pierre angulaire sur laquelle repose une partie du contrat de l’art avec ses regardeurs. Mais venant d’Alain Guiraudie, cinéaste du désir, filmant la jouissance des corps autant que leurs empêchements dans une superposition orgiaque des sexes et des visages, la question ne surprend pas vraiment. Joueur, il en fera d’ailleurs un running gag tout au long de la visite du parcours du Nouveau Printemps, festival toulousain dont il est cette année le directeur artistique. «C’est une question que j’aime bien poser aux sculpteurs», confirme le commissaire improvisé. Et même à l’inatteignable antenne customisée par l’artiste Mimosa Echard sur le toit du parking des Carmes, qui à la tombée de la nuit s’augmente d’écrans LED sur lesquels elle organise une gigantesque fuite de données (en l’occurrence les siennes, avec une compilation très abstraite de vidéos tirées de son propre téléphone), Alain Guiraudie aimerait bien, encore et toujours, pouvoir toucher. Alors qu’est-ce qu’il cherche à toucher du doigt, cet artiste associé pas tout à fait comme les autres ?
Frais comme un gardon, comme