Menu
Libération
#MeToo

Affaire Depardieu : dans une tribune, des artistes dénoncent un «lynchage» du «dernier monstre sacré» du cinéma

Violences sexuellesdossier
Dans un texte publié ce lundi 25 décembre sur le site du «Figaro», une soixantaine d’artistes apportent leur soutien à l’acteur de 74 ans, accusé de viols et d’agressions sexuelles. Ils dénoncent un «lynchage» et demandent que la présomption d’innocence de l’interprète de Cyrano soit respectée.
L'acteur Gérard Depardieu en février 2016 à Berlin. (Stefanie Loos/Reuters)
publié le 26 décembre 2023 à 9h14
(mis à jour le 26 décembre 2023 à 20h32)

C’est sans doute ça que l’on appelle «la grande famille du cinéma français»… Une soixantaine de personnalités du monde de la culture dénoncent un «lynchage» de Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis 2020 et au cœur d’un scandale devenu politico-médiatique à la suite d’un numéro de Complément d’enquête diffusé sur France 2, dans une tribune publiée ce lundi 25 décembre, dans la soirée, sur le site du Figaro.

Parmi les signataires, figurent le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet ou Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard, Gérard Darmon ou Benoît Poelvoorde mais aussi les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou Jacques Dutronc. L’acteur de 74 ans peut aussi compter sur le soutien inattendu de l’ancienne candidate de téléréalité Afida Turner.

«Le dernier monstre sacré du cinéma»

«Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s’abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l’amalgame le plus complet et au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est», écrivent-ils dans ce texte.

«Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque. Par son génie d’acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays. […] Quoi qu’il arrive, personne ne pourra jamais effacer la trace indélébile de son œuvre dont notre époque est à tout jamais marquée. Le reste, tout le reste, concerne la justice ; que la justice. Exclusivement», ajoutent-ils.

Selon le Parisien, l’idée de cette tribune est venue de Michel Fau, acteur et ami de Gérard Depardieu, qui en a parlé au comédien et éditorialiste dans le magazine d’extrême droite Causeur Yannis Ezziadi. Ce dernier, proche de Julie Depardieu selon le quotidien, explique ne pas pouvoir «laisser le plus grand d’entre nous être lynché au mépris de la présomption d’innocence». Connu également pour être un défenseur de la corrida, il a alors transmis son texte à «un maximum» de personnalités du cinéma et à son propre entourage. «J’ai contacté une dizaine de jeunes acteurs, assure Yannis Ezziadi. Mais tous ont dit non, soit parce qu’ils sont très pro-MeToo, soit parce qu’ils ne veulent pas avoir de problèmes.»

«Ça a fait très plaisir à Gérard Depardieu», assure Yannis Ezziadi qui assure n’avoir jamais parlé auparavant avec «le dieu des acteurs». «C’était mon rêve, assume-t-il. Maintenant, j’ai des contacts avec lui par téléphone.» Selon l’éditorialiste toujours, Anne Hommel, spécialiste de la communication de crise et connue pour avoir conseillé Dominique Strauss-Kahn, a servi d’intermédiaire entre lui et le Figaro.

Une association cesse sa collaboration avec Pierre Richard

Après une grosse dizaine d’heures en ligne, la tribune aura eu une première conséquence. L’association Les Papillons engagée contre la maltraitance des enfants a décidé de cesser sa collaboration avec l’acteur Pierre Richard, signataire du texte. «Depuis 3 ans, Pierre Richard était à nos côtés. Mais parce que nous sommes et serons toujours du côté des victimes et parce que la tribune de soutien à Gérard Depardieu qu’il a signé est indécente, Pierre Richard n’est plus un des ambassadeurs de l’association Les Papillons», a écrit sur X (ex-Twitter) le président-fondateur de l’association Laurent Boyet.

Le président de la République Emmanuel Macron et des membres de la famille de l’acteur, dont sa fille Julie, avaient déjà pris publiquement la parole pour défendre Gérard Depardieu, mis en examen à la suite d’une des deux plaintes dont il fait l’objet en France et qui réfute ces accusations. La diffusion récente d’un reportage sur l’acteur, dans l’émission Complément d’enquête sur France 2, a provoqué une onde de choc, avec des répercussions internationales. Sur ces images, Gérard Depardieu, connu pour avoir interprété Cyrano de Bergerac, multiplie les propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes, n’épargnant pas une fillette avec des propos à caractère sexuel.

Mis en cause, le groupe France Télévisions a assuré vendredi que ce dernier passage avait été «authentifié» par un huissier de justice. Cette réaction intervenait après des déclarations du chef de l’Etat sur France 5 laissant entendre que la séquence avait pu être modifiée au montage, comme l’avait auparavant affirmé la famille de l’acteur. Depuis le scandale, Gérard Depardieu a été radié de l’Ordre national du Québec et de son titre de citoyen d’honneur de la commune d’Estaimpuis (Belgique), tandis que sa statue de cire a été retirée du parcours de visite du musée Grévin à Paris.

Mise à jour le 26 décembre à 11 heures 02 avec la mention de la fin de la collaboration entre l’association Les Papillons et Pierre Richard.

Mise à jour le 26 décembre à 20 h16, tribune organisée par un éditorialiste du magazine d’extrême droite Causeur.