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Libération
Mea culpa

Affaire Depardieu : Jacques Weber regrette son «aveuglement» après avoir signé la tribune de défense de l’acteur

Le comédien déplore avoir signé «par réflexe d’amitié» et estime que le monde du cinéma ne doit «pas empêcher la vérité d’éclore» dans une tribune publiée par Mediapart.
Celui qui a joué aux côtés de Gérard Depardieu dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau va loin dans la contrition : «Si l’on a été coupable d’accepter des comportements désormais inacceptables sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui je fus coupable.» (Julien de Rosa/AFP)
publié le 2 janvier 2024 à 13h34

Un de plus. Après Charles Berling, Gérard Darmon, Pierre Richard ou Nadine Trintignant - à des degrés variables cependant - c’est à Jacques Weber de revenir sur sa signature de la tribune en soutien à Gérard Depardieu. «J’ai par réflexe d’amitié signé à la hâte, sans me renseigner», s’excuse le comédien dans un billet publié par Mediapart le 1er janvier.

Mis en examen pour viols, accusé d’agressions sexuelles, le comédien est au cœur d’une polémique nationale depuis la diffusion de propos misogynes, dans l’émission Complément d’enquête du 7 décembre. «Oui j’ai signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d’un état de fait trop longtemps admis. Ma signature était un autre viol».

Comme Weber, une soixantaine de grands noms du cinéma français ont signé une tribune en soutien à Gérard Depardieu, publiée dans le Figaro le jour de Noël. Les soutiens y appelaient à «ne pas effacer» celui que ses amis persistent à appeler «monstre sacré». A mesure que les signataires ont découvert le profil de l’auteur de la tribune controversée, certains ont pris leurs distances, plus sur la forme que sur le fond, réitérant leur soutien à Depardieu plus qu’aux victimes.

Jacques Weber semble être de ceux qui ont rétropédalé sur le fond. «Nous ne devons pas empêcher la vérité d’éclore», explique-t-il «malgré l’amour ou l’admiration que ses amis, sa famille et la famille du cinéma lui portent». Celui qui a joué aux côtés de Gérard Depardieu dans le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau va plus loin dans la contrition : «Si l’on a été coupable d’accepter des comportements désormais inacceptables sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui je fus coupable.»

Les propos d’Emmanuel Macron - qui a mis en doute le reportage de Complément d’enquête - et la défense de Depardieu ont provoqué une réaction en chaîne et une flopée de «contre-tribunes», dont celle publiée par le média Cerveaux non disponibles, signée par quelque 8 000 artistes. Ou celle de Libération sortie ce lundi et signée par 150 personnalités du monde de la culture, dont les comédiennes Lucie Lucas, Muriel Robin ou Alexandra Lamy, dans laquelle les signataires dénoncent notamment les agissements de l’acteur.

Gérard Depardieu est mis en examen pour viols depuis 2020, a la suite d’une plainte de la jeune comédienne Charlotte Arnould. L’actrice Hélène Darras a, elle, porté plainte contre l’acteur en septembre 2023 pour «agression sexuelle». En Espagne, une troisième plainte, pour «viol», a été lancée en décembre par l’autrice et journaliste Ruth Baza. En avril, treize femmes l’ont accusé de violences sexuelles. Trois d’entre elles ont apporté leurs témoignages à la justice.