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Libération
Critique

Alice Laloy, souffle en chœur

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Dans «Death Breath Orchestra», l’intrigante metteure en scène redonne vie en rythme à ses acteurs-pantins silencieux et en quête d’oxygène.
Alice Laloy, accompagnée de ses marionnettes, devant le Nouveau théâtre de Montreuil, le 13 octobre. (Louisa Ben/Libération)
par Anne Diatkine et photos Louisa Ben
publié le 17 octobre 2021 à 16h34

Ils flottent dans une ambiance pré-apocalyptique ou peut-être simplement dans un chantier. Ils tentent d’apprivoiser la poussière, c’est-à-dire de respirer. Dans l’atmosphère blanche du plâtre qui voltige, les spectateurs hésitent sur le nombre d’acteurs sur scène, mais n’est-on pas souvent sujet à des hallucinations ou a minima à des troubles de la perception devant les créations singulières d’Alice Laloy, dont rien moins que quatre spectacles tournent en ce moment dans toute la France ? D’emblée, ils jouent avec des doubles dont le statut est incertain. Qui sont-ils ? Des jumeaux ? Des effigies grandeur nature momifiées ? Des êtres hybrides ? Des acteurs ? Humains ou pas, il s’agit de les réanimer, de regonfler leur circuit, tandis que leur corps se fait instrument afin de former ce Death Breath Orchestra. Au cours de la représentation, un petit garçon tout à fait dynamique s’extirpera en chair et en os d’un ventre pour faire lui aussi partie du groupe, avant de tenter un retour in utero. Une cage thoracique est mise à nu et un très bel instrument tout en cuivre scintillant et inquiétant surgit, magnifique squelette. Le Death Breath Orchestra s’exprime grâce à des instruments à vent qui bruissent et chuintent avant de s’accorder en franche mélodie jusqu’à ce qu’une apocalypse joyeuse envahisse la salle. On souffle. On souffle avec eux