Sur les photos, son regard de gosse nous scrute, soupèse nos travers d’adultes, avant de nous suivre jusqu’aux tréfonds de la mauvaise conscience. La mini-série s’ouvre sur d’autres images, celles de la fameuse conférence de presse de Woody Allen en 1992, durant laquelle l’auteur révéré de Manhattan déclare n’«avoir jamais abusé sexuellement d’un enfant». Mais Allen v. Farrow, un documentaire en quatre épisodes, dont le premier volet est sorti dimanche aux Etats-Unis sur HBO, dévoile sa puissance narrative dans les minutes suivantes, par une lente descente, écrit le magazine The Atlantic, dans «l’atroce intimité».
Fille adoptive de Woody Allen et Mia Farrow, Dylan Farrow, 35 ans, entrouvre l’album de famille ; un grimoire criblé de trous en lieu de photos arrachées, peuplé d’image retaillées pour en bannir le visage de «Daddy Woody», où les clichés de la petite fille rieuse et pétillante cèdent soudain la place, vers l’âge de 7 ans, à ceux d’une enfant transie, triste et émaciée. «On peut en parler tant qu’on veut, glisse Dylan à la caméra. On ne verra jamais que le sommet de l’iceberg.»
On en a certes beaucoup parlé. Les attouchements sexuels dont Mia Farrow et Dylan accusent Woody Allen remonteraient à 1992. Près de trente ans de rumeurs et d’allégations, mais aussi deux