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Interview

Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte, chorégraphes : «C’est presque un acte politique que de continuer à imaginer des fictions»

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Dans «BREL», présenté ce dimanche au festival d’Avignon, les danseurs s’approprient le riche répertoire de l’icône belge. Ils expliquent comment ils sont parvenus à épouser avec le corps le phrasé du chanteur.
En 25 chansons, les danseurs Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte concassent et refigurent notre réception de Brel. (Anne Van Aerschot)
publié le 4 juillet 2025 à 6h36

Personne n’attendait Anne Teresa De Keersmaeker sur le terrain de Jacques Brel. Ni qu’elle s’en empare avec Solal Mariotte, jeune danseur et chorégraphe prodigieux issu du hip-hop qu’on a découvert dans Exit Above, dernière grande forme éblouissante de la chorégraphe, présentée à Avignon en juillet 2023. Un spectacle à l’intelligence coupante qu’on a eu la chance de découvrir à Bruges. En 25 chansons qui ne couvrent qu’une infime partie du répertoire du chanteur, Anne Teresa De Keersmaeker et Solal Mariotte concassent et refigurent notre réception de Brel. Rien de moins. Les deux ne l’appellent que par son patronyme, Brel, unique syllabe qui sonne comme une affirmation. Ce qui frappe durant l’entretien est leur complicité faite d’égalité. Aucune déférence dans la manière dont le cadet s’adresse à l’aînée. Laquelle est directe, et telles ses chorégraphies, sans fioriture, sans souci de plaire ni de déplaire, la question n’est pas là. On nous avait dit qu’elle veillait comme le lait sur le feu à son alimentation (macrobiotique). Nous voici attablés autour d’un verre de vin blanc après l’un des derniers filages.

Anne Teresa, pensiez-vous depuis longtemps travailler sur Brel ?

Anne Teresa De Keersmaeker : Depuis vingt ans, j’indique que je veux faire un spectacle sur Brel. Mais c’est seulement quand Sola