Il y a d’abord les mots de Bernard Stiegler devant la caméra de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval… Dans Antigone, Bernard Stiegler (2007), le philosophe – qui s’est donné la mort en 2020 –, à peine dérangé par le boucan des tasses à café du regretté bar parisien les 9 Billards, raconte dans un long monologue l’histoire passionnante de l’héroïne grecque. A un moment charnière de l’Antiquité, où le système politique est bousculé par l’apparition de l’écriture, Antigone est celle qui ose dire au tyran Créon «d’aller se faire foutre» : la fille d’Œdipe se sacrifie pour enterrer coûte que coûte son frère Polynice. Figure tragique de la jeunesse, l’héroïne de Sophocle incarne la transgression et la résistance, thèmes chers au cinéma de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval qui auscultent la survie à travers des histoires de migrants, de clochards et de dérives nocturnes. Mais devant leur caméra, il y a aussi les yeux embués de Bernard Stiegler qui se retrouve lui-même au sein d’un conflit de générations quand un étudiant vient lui reprocher d’occuper trop longtemps une place : «Nous sommes un obstacle à l’avenir de la jeunesse», reconnaît Stiegler, le cœur gros, à propos de la génération 68.
«Respiration»
Ce surgissement de l’émotion, dans une pensée de la résistance en train de se déployer, est palpable au sous-sol du centre Pompidou dans «Klotz et Perceval, le cinéma en commun», une exposition consacrée au duo de cinéastes. Elle accompagne une rétrospective et un film comm