«Ciao ciao la Villa Arson.» C’est avec un brin de désinvolture que Juliette Trucchia a fait ses adieux à l’école d’art niçoise. Tout juste diplômée, elle fait partie des 60 jeunes artistes présentés dans le cadre de la manifestation «100%» qui, depuis cinq ans, offre un tremplin aux impétrants venus abonder le cours de l’art contemporain. Son tableau de chasse épingle coupes et trophées autour d’une photo de classe trafiquée dont chaque protagoniste a au préalable été shooté individuellement. Trop idyllique pour être crédible, le puzzle reconstitué raconte les déconvenues de ces jeunes diplômés soudainement jetés dans le grand bain. Mais aussi la volonté de rester groupé.
Et s’il y a une chose qui saute aux yeux lorsqu’on visite l’exposition «100%», c’est bien l’«effet promo». Ou, dit autrement, un goût retrouvé pour le collectif au sein d’une génération qui en a soupé des logiques individualistes et électives dictées par le seul marché. Et une vigilance accrue envers toutes les formes de discriminations, sujet hautement sensible actuellement dans les écoles d’art.
Apôtres au féminin
S’effacer derrière un corps collectif, fusse-t-il informe, voilà par exemple ce que raconte la vidéo de Clara Lemercier Gemptel (Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon) qui met en scène une équipe sportive à bout de souffle. Logiquement, les formes agrégatives, molles et absorbantes, s’épanouissent un peu partout. Des corps de synthèse qui s’épanchent et se reconfigurent comme des gouttes de mercur