Pour nous faire entrer, Hugo Laporte doit hisser le rideau de fer qui coupe la grande maison de maître du public depuis maintenant plus de cinq ans. On passe la porte et nous voici dans l’ancien conservatoire de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), inutilisé depuis 2017, mais occupé «sans droit ni titre» par un groupe de jeunes artistes «à majorité racisée et queer» depuis juillet 2021. Hugo, trentaine naissante et santiags claires, nous fait visiter le lieu (plus de 450 mètres carrés), malicieusement rebaptisé l’Aconservatoire. Sous les hauts plafonds où l’obscurité domine, des câbles sillonnent les murs, un piano sommeille. A l’image de la situation de la petite troupe, tout est un peu précaire et chaotique. Des toilettes à la cuisine, en passant par les ateliers et les chambres, les espaces ont été aménagés avec les moyens du bord par les occupants.
Les occupants, ce sont Fares, Philippe, Imane, Basile… Une dizaine d’artistes âgés de 25 à 33 ans constitués en association, qui se sont installés il y a près de deux ans dans ce beau bâtiment de la mairie communiste de la ville, un temps convoité par le cinéaste Ladj Ly et le journaliste Mouloud Achour. Mais en lieu et place du projet d’école de cinéma, résidence artistique et de restaurant gastronomique porté par les deux stars (et finalement écarté par les pouvoirs publics), la bande de squatteurs est venue faire de l’art en dehors de tout cadre institutionnel, organisant des défilés, des performances sonores, faç