C’est désormais le deuxième tableau de Picasso le plus cher de l’histoire. L’un des chefs-d’œuvre du maître espagnol, Femme à la montre, a été vendu aux enchères mercredi 8 novembre pour un montant de 139 millions de dollars (129 millions d’euros) par la maison Sotheby’s à New York.
La toile de 1932, qu’une dirigeante de Sotheby’s, Brooke Lampley, a comparée à «la Mona Lisa de Picasso» représente l’une des compagnes de l’artiste espagnol, la peintre française Marie-Thérèse Walter, et avait été estimée à plus de 120 millions de dollars. Et, dans la salle bondée du siège, il n’a fallu que quelques minutes d’enchères au téléphone pour que ce tableau parte sous les applaudissements pour exactement 139,36 millions de dollars, frais compris, sous le marteau du commissaire-priseur.
406 millions de dollars pour une seule collection
Le tableau appartenait à la richissime New-Yorkaise Emily Fisher Landau, décédée cette année à 102 ans, et dont la collection d’œuvres de Willem de Kooning, Mark Rothko et Andy Warhol est proposée aux enchères lors de deux soirées spéciales mercredi et jeudi chez Sotheby’s à New York.
Le tableau était accroché dans le salon d’Emily Fisher Landau à Manhattan, a précisé la société. Rien que pour cette collection Landau, la maison d’enchères, propriété du milliardaire français et israélien Patrick Drahi, a déjà vendu pour 406 millions de dollars.
Parmi les performances financières de la soirée, Flags du peintre américain de l’expressionnisme Jasper Johns, 93 ans, pour 41 millions de dollars, et Securing the Last Letter (Boss) du peintre et photographe américain Ed Ruscha, âgé de 85 ans, pour 39,4 millions de dollars.
Mais c’est Picasso, mort en 1973, qui a attiré la foule mercredi soir, sa Femme à la montre représentant plus d’un tiers du montant des ventes. Marie-Thérèse Walter fut la «muse dorée» du maître espagnol, son égérie rencontrée en 1927 à Paris alors qu’il était marié à la danseuse de ballets russo-ukrainienne Olga Khokhlova.
Lors l’anniversaire des 50 ans de la mort du peintre, la misogynie et appropriations culturelles du peintre étaient particulièrement revenues sur le devant de la scène, le musée Picasso à Paris entamant même une campagne de déminage en invitant étudiants, historiens et conservateurs à débattre autour de l’homme et de son œuvre.
Six tableaux de Picasso à plus de 100 millions
L’artiste a dorénavant au moins six tableaux valorisés au-dessus de 100 millions de dollars. Il avait notamment peint cette même Marie-Therèse Walter en Femme endormie (1934) qui sera mise aux enchères jeudi par la concurrente de Sotheby’s, Christie’s, qui en espère 25 à 35 millions de dollars. Déjà en 2021, Christie’s avait vendu Femme assise près d’une fenêtre (Marie-Thérèse), pour 103 millions de dollars.
Un autre Picasso, Nu au plateau de sculpteur, de 1932 avait été vendu en 2010 quelque 106 millions de dollars par Christie’s, propriété de la holding Artémis du milliardaire français François Pinault. Mais le record absolu pour Picasso est les Femmes d’Alger (Version «O») à 179,4 millions de dollars : cette huile sur toile peinte en 1955 est l’œuvre d’art moderne la plus chère jamais vendue aux enchères.
Au moment de sa vente, le 11 mai 2015 également chez Christie’s à New York, il s’agissait même du record absolu pour une enchère d’art, dépassé en 2017 par le Salvator Mundi, attribué à Léonard de Vinci, pour 450 millions de dollars.
Dans le contexte international de guerres en Ukraine et au Proche-Orient et d’inflation, le marché de l’art continue d’afficher une santé insolente : la saison des ventes d’automne à New York pour les grandes maisons d’enchères Sotheby’s, Christie’s et la plus petite Phillips, du 7 au 15 novembre, devrait récolter des milliards de dollars.