«Mesdames et messieurs, la visite va commencer !» Perché devant la statue de Marianne au centre de la place de la République, Barthélémy hausse le ton pour capter l’attention des badauds qui approchent. Devant lui, des bâches à peine transparentes recouvrent plusieurs de ses camarades d’occupation du Théâtre de la Colline (XXe). Le vent les met à rude épreuve, découvre de temps à autre un mollet ou un bras. Le froid d’avril aussi est assez vif. Mais les jeunes comédiens ne bougent pas d’un cil. «On dirait le musée Grévin en travaux», s’amuse Camille, une jeune femme qui semble impressionnée par le rendu de la performance.
Chacun représente une profession. Il y a les deux chanteuses, l’ouvreur de théâtre, le cuisinier ou encore la serveuse qui garde son plateau adroitement immobile. Et puis le guide. «Voici le soignant, profession que notre gouvernement a jugée sacrifiable», tonne Barthélémy, étudiant en art dramatique, en avançant d’une statue à l’autre. Des cartons désignent chacune des professions, la date à laquelle elles ont été «jugées» et la sentence : «sacrifiable» donc, pour celles qui ont continué à travailler en première ligne, «non essentiel» pour celles qui se retrouvent à l’arrêt, notamment dans le milieu culturel, et puis «d