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Exposition

Absalon, cap ou pas capsule ?

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Le CAPC de Bordeaux expose les habitations exigües de l’artiste israélien mort du sida à 28 ans, qui plaçait la libération du corps des postures sociales au cœur de son œuvre inachevée.
Vues de l’exposition Absalon Absalon avec au premier plan "Ring", un œuvre de Laura Lamiel, 2020 (Arthur Pequin)
publié le 26 juillet 2021 à 7h12

Il faut quasiment rentrer le ventre pour y pénétrer et en raser les murs, qui ne vous laissent qu’à peine la place de vous mouvoir dans l’étroit corridor qui longe une salle de bains, une petite cuisine et débouche sur une chambre à coucher au mobilier intégré et fort rudimentaire. Toute blanche à l’intérieur comme à l’extérieur, la cellule n°4, posée sur le sol noir de la nef du musée d’art contemporain de Bordeaux, le CAPC, est l’un cabanons qu’Absalon a conçus au début des années 90, pour lui-même, comme autant de capsules pour habiter le monde autrement et vivre à l’écart des standards bourgeois. Car s’il y a bien un minimum de confort, l’exiguïté des lieux interdit d’y accumuler quoi que ce soit. Tout y apparaîtrait superflu et immédiatement encombrant. Même le corps semble assigné à un répertoire de positions et de gestes drastiquement limités. Qu’Absalon pourtant se plaisait à étendre, tordant ce cadre anguleux avec un mélange de résignation et de comique résistance. Une vidéo en forme de test où l’artiste met son corps à l’épreuve de l’une de ses cellules le montre ainsi, placide, dans la baignoire riquiqui, les genoux repliés, ou bien pensif, les bras croisés dans le dos, la tête appuyée contre un mur, comme s’il était au coin, ou bien encore, à plat ventre, étendu de tout son long, sur une couchette pile à sa taille. Le titre de cette courte vidéo, Solutions, peut s’entendre à la fois comme une manière de résoudre les contraintes imposées par cet espace pas