Une fois n’est pas coutume, commençons par la scénographie. Epuré, aérien, osons même respirant, le décor imaginé par William Chatelain pour la rétrospective d’Alberto Giacometti au Grimaldi Forum de Monaco, le Réel merveilleux, est une élégante surprise (car le bâtiment où se tient l’expo a quand même des airs de parc des expositions à Villepinte) et aussi généreux que luxueux. Après tout, c’est Monaco ! Donc pourquoi ne pas consacrer une salle entière à une seule sculpture, et faire vibrer ainsi le vide autour d’elle ?
Mais ce décor est surtout d’une grande intelligence, venant à tout moment appuyer le propos du très beau parcours imaginé par Emilie Bouvard, directrice scientifique et des collections de la fondation Giacometti, qui a prêté les 230 œuvres visibles ici. Un exemple ? Les immenses photos de paysages des Grisons, en Suisse, où Giacometti a grandi, qui s’offrent en arrière-plan de ses œuvres dans la section «Nature». Pris par un ami de l’artiste, le philosophe japonais Isaku Yanaihara, dont la fin du parcours relate les exténuantes séances de pose dans l’atelier du maître, les clichés en noir et blanc déploient les montagnes et forêts suisses dans toute leur majesté enveloppante (ou écrasante, c’est selon). Sur l’un d’eux, on remarque Giacometti lui-même, si frêle et comme rapetissé face aux sapins, près de son village natal de Stampa. Le rapport d’échelle vient tout à coup mettre en lumière que, dans ses grêles sculptures, l’homme est certes rendu dans to