Et la lumière fut. C’est le premier signal qu’envoie le nouveau musée de François Pinault, aménagé brillamment par son architecte fétiche, Tadao Ando. Au zénith de l’édifice en effet, la coupole de verre et de métal posée en 1812 sur une ancienne halle aux blés qui devient, en 1889, la Bourse de Commerce, laisse la lumière du jour baigner le chœur de cette cathédrale moderne au plan circulaire redoublé par un cylindre de béton laissé brut et gris. Là, au centre, pleins feux, une sculpture d’Urs Fischer, d’une pâte fort peu contemporaine puisqu’elle se moule exactement dans les formes maniéristes que prêta Giambologna au XVIe siècle à l’Enlèvement des Sabines. Sauf que, le ciel et la rédemption auxquels aspire ce groupe si solidairement formé par ces trois corps implorants leur seront refusés par l’artiste suisse, qui les a faits de cire. Et François Pinault a allumé la mèche par où se consumera son œuvre.
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Cette pièce fixe la ligne contrapuntique de toute l’exposition qui s’étend sur dix salles, deux étages et quelque 7 000 mètres carrés : entre splendeurs et misères de la condition humaine, gloire et vanité, puissance et ruine, éternité et finitude, drame et rigolade, doute et certitude. A l’ombre de la magnificence croulante de l’artiste suisse se tient ainsi tapie une souris douée de parole par Ryan Gander qui balbutie un discours plein d’hésitations. Elle pointe le bout de ses moustaches à travers son trou minuscule pour avouer qu’elle ne sait trop ce qu’elle fait l