Qui a dit qu’une expo sur le rien était une promesse de glandouille pour un journaliste ? C’était sans compter sur l’esprit retors des Belges pour qui le rien, c’est beaucoup de choses. «Rien» vient du latin res, qui veut dire à la fois «chose» et «nulle chose». Ce paradoxe, un peu surréaliste, est donc fertile pour François de Coninck qui en fait une exposition réjouissante à la Centrale de Bruxelles. Artiste, auteur, éditeur, le commissaire a scrupuleusement exploré «l’art de rien» avec 70 plasticiens – majoritairement bruxellois. Dans les salles, quelques pièces sont issues de sa collection personnelle. Il a même ajouté ses propres œuvres, des cartes postales sur lesquelles il a écrit en rouge «Chaque limite a sa patience», «Une femme de perdue, une femme de perdue. C’est ma thématique», «Qui décide qui ?» ou encore «Rien ne sert de courir, non ça ne sert à rien» (Petites Mythographies, 2010). «Aujourd’hui, l’art contemporain est de plus en plus asservi à la défense de causes – féministe, écologique, politique – c’est très bien, c’est nécessaire, explique le commissaire qui admet avoir toutes les «névroses belges», «être né au Congo», «être francophone» et «avoir vécu en Flandres». Il ajoute : «L’art peut aussi être fait juste pour le simple plaisir des yeux, de l’esprit, des décalages et des jeux de mots.»
Petits tableaux blancs tordus
Pour De Coninck, il suffit donc d’une lettre en trop pour faire une œuvre. Dans sa série «Faire bouger le