Voir ou ne pas voir, là est la question. Elle couve dans l’art de Gerhard Richter, à l’honneur à la Fondation Louis-Vuitton. Avec 275 œuvres empruntées à 104 prêteurs – dont 25 de la collection Vuitton qui en contient 35 en tout –, cette rétrospective inédite réunit les œuvres du peintre allemand de 93 ans, dont l’art naît dans le chaos du XXe siècle. «Même en Allemagne, on ne pourrait avoir une telle rétrospective, c’est trop coûteux», regrettent Kerstin Künstler et Dietmar Elger, responsables du catalogue raisonné de l’artiste – bientôt sept volumes – et des archives du peintre données à l’Albertinum de Dresde, sa ville natale. En 2017, Gerhard Richter, considéré comme un des artistes vivants les plus chers du monde, a posé ses tubes, ses racloirs et ses pinceaux.
Voilà donc près de soixante ans de travail qui débutent en 1962, date que l’artiste retient pour son tableau zéro – une table réaliste recouverte d’un gros barbouillage en grisaille (Table), drôle de synthèse pop et expressionniste abstraite. Sur quatre étages, se déploie un parcours chronologique de tableaux figuratifs, de toiles abstraites monumentales, de dessins, d’aquarelles, de peinture sur photographies, de panneaux de verre, avec même une étrange petite sphè