De cet espace d’exposition glacial et perforé de toutes parts (par une longue baie vitrée d’un côté, par des fenêtres qui donnent sur les quais ou le toit de la gare Saint-Lazare, par des plafonds trop hauts, puis trop bas), l’artiste David Douard a fait son affaire mieux que personne avant lui. Invité par la Fondation Pernod Ricard à y curater une exposition, il y tend des rideaux à lamelles verticales pour dessiner des zones (courbes), ménage un couloir qui conduit à une impasse et une porte de secours, implante des cloisons percées de portes (ouvertes ou fermées) puis des grilles qui compliquent encore la circulation et filtrent le point de vue. Il ne réchauffe pas le lieu, il exagère au contraire son climat, morne, faussement vaste, rabougri.
Les œuvres présentées dans «Crumbling the Antiseptic Beauty» peuvent dès lors s’y nicher en faisant la tête et le dos rond, sans se livrer ni courber l’échine devant le spectateur. Une simple et ridicule petite boule rouge tournant de manière imperceptible sur elle-même se permet de le narguer d’emblée. Œuvre de la jeune Clémentine Adou, cette espèce de nez rouge de clown, crispant et plaisant à force de tant de culot (un nez rouge qui ne fait pas de blagues fait œuvre), se pare, quelque part, du sourire sardonique et grinçant du Joker. Et la suite de l’exposition tient cette ligne et cette mauvaise humeur, pas hostile certes, mais