Menu
Libération
Exposition

A la galerie Vallois à Paris, l’Américain Richard Jackson plante le débord

Article réservé aux abonnés
Les œuvres impressionnantes de l’artiste de 84 ans, qui sortent des cadres et des toiles, envahissent la galerie parisienne jusqu’au 24 février.
«I Peed in France», détail (2023). (Aurélien Mole/Galerie GP & N Vallois, Paris)
publié le 20 janvier 2024 à 4h58

Les putti en ont mis partout. Ces quatre angelots joufflus, moulés dans la résine, en rond sur un podium, ont arrosé, en pissant, le sol de la galerie Vallois. Leur mine malicieuse ne laisse aucun doute, ils l’ont fait exprès. Les traînées jaunes, rouges, bleues et blanches qui maculent le sol sont leur œuvre. Davantage même que celle de Richard Jackson qui a certes mis en place ce manège incontinent, mais s’est contenté d’appuyer sur le bouton marche, sans prétendre maîtriser les jets. A 84 ans, l’artiste californien reste fidèle à sa mécanique picturale qui a, par le passé, pris la forme d’un scooter et son pot d’échappement transformés en pinceau pétaradant, ou d’un fauteuil trempé de peinture, catapulté contre un mur.

Cet art-là repose sur mille ressorts. A commencer par celui qui vise à dynamiter la figure de l’auteur. Les éclaboussures ne se contrôlent pas. Le résultat est aléatoire. L’artiste passe la main, tout en inscrivant la peinture dans une veine sanguine. Elle devient excessive, éruptive, explosive, éjaculatrice, pisseuse. Rien donc qu’y puisse être retenu dans les limites strictes d’un tableau. Cette extension du domaine de la peinture à l’espace, aux murs, au sol et au plafond vient narguer les formats traditionnels et trop sages, faciles à transporter, faciles à vendre, qui ont les faveurs du marché de l’art.

A prendre en entier ou à laisser

A la galerie, une autre pièce, sans être motorisée, renverse tout autant l’ordre pictural, alors même que Jackson fait mine de rentrer dans le rang, dan