Tout n’est pas foutu, Thomas Mailaender débarque à Paris. Rayon de soleil dans une période morose, son bateau à voiles couleur cyanotype a échoué sur le gazon vert de la Maison européenne de la photographie (MEP) : drôle de vision, à deux pas de la Seine. Sur le foc et la grande voile bleus, il y a une jolie fille et des fruits. De ses cales, le plasticien marseillais a extrait une pêche miraculeuse, une cargaison d’images, de vidéos et d’objets insolites pour les déverser dans le musée. «Souriez, c’est l’été», dit un autocollant publicitaire pour la marque Kodak à l’entrée de l’exposition. Souriez, certes, mais ne vous fiez pas au titre. «Les Belles images» est une antiphrase – mais aussi un clin d’œil à un roman de Simone de Beauvoir et à un journal illustré d’avant-guerre. Dans l’exposition, les images sont tout sauf belles : elles sont cocasses, scabreuses, pauvres, débiles, absurdes voire complètement ratées. Amateurs de jolies photographies, passez votre chemin.
Glanées dans les poubelles, extraites du torrent d’Internet, massacrées par des retoucheurs, rachetées à des morts ou à un assureur automobile, les images du Marseillais ne sont pas celles que l’on voit traditionnellement au musée. «J’adore les musées mais ils ont aussi leurs travers, explique-t-il. On dirait qu’ils ne gardent que des représentations hyper idéalisées