Elles semblent s’observer et faire connaissance. Elles se tournent pudiquement l’une vers l’autre en inclinant légèrement l’épaule et restent là à s’entretenir muettement et à se dévisager. A l’Institut Giacometti, qui les réunit sur socle et sous cloche, dans l’exposition Envisagement, Femme debout (1961) du maître suisse et la Grande Dame (2023) d’Ali Cherri ont des choses à partager. Ça saute aux yeux. L’une, en plâtre peint, comme l’autre, faite d’argile et de sable, étirent leur frêle silhouette sans épaisseur à 50 centimètres de hauteur et leur posture (bras croisés sur la poitrine pour l’une, jambes si serrées pour l’autre qu’elles n’en font plus qu’une) exprime une aspiration à la discrétion, à l’effacement, au recueillement. Elles intriguent, intimident et attendrissent. D’autant que la sculpture de l’artiste libanais, lion d’argent à la dernière biennale de Venise, revient de loin puisque «sa tête masculine à coiffure boule», indique le cartel, date de «la basse époque égyptienne (vers 664-32 av. J.-C.)». Le corps, lui, a été façonné par Ali Cherri. C’est ainsi qu’il procède pour la plupart de ses œuvres. Il achète sur le second marché des œ
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A l’Institut Giacometti, les gueules recasées d’Ali Cherri
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«L'Homme aux larmes» (2023), d'Ali Cherri. (Ali Cherri/Collection de lartiste)
publié le 3 février 2024 à 21h31
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