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Havre

A Nice, la Gaya Scienza, un doux foyer pour les œuvres vivantes

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Le nouveau lieu hybride, mêlant art contemporain et poésie, séduit par sa singularité altruiste.
Laure Prouvost, «Every Sunday GrandMa», 2022. (Jean-christophe Lett)
publié le 15 janvier 2024 à 4h27

Ne pas se fier à l’anonymat de l’imposante porte cochère qui, depuis la rue, ne dit absolument rien de ce qui se trame derrière. Encore moins se laisser intimider par la dénomination absconse de l’adresse, que chantourne une inscription vaguement ésotérique : «La Gaya Scienza», en référence (occitane) au Gai Savoir, dont Nietzsche rédigea la fin en 1886, lors d’un de ses séjours hivernaux à Nice. Nous y voilà, donc, à la lisière de la Promenade des Anglais, là où un certain Eric Castaldi ravive la flamme d’une érudition qu’il escompte propager dans un «lieu vivant, surtout pas institutionnel, espace d’exploration à la fois artistique et poétique, où l’on viendrait découvrir des œuvres, mais aussi discuter, échanger, bouquiner…»

Que son nom n’émeuve pas l’écosystème artistique n’a rien d’incongru. Au contraire. Lorsqu’on l’invite à préciser la genèse du projet, l’homme ne cherche pas à louvoyer. Enfant du pays autrefois attiré par la musique et le cinéma, il atterrit pourtant au «cœur du réacteur de la finance mondiale», où son très bon niveau en maths l’a orienté. Devenu dirigeant d’une grosse société de biotechnologie belge appelée à faire la culbute, il zigzague entre Boston, Tokyo et San Francisco. Avant de décider un jour de couper les gaz et de mettre un peu d’ordre dans cette douce «schizophrénie». «Une manière de redonner du sens à ma vie si on veut, en réinvestissant, par le biais d’un fonds de dotation, une partie de l’argent gagné grâc