En dépit du bon quart de siècle passé depuis son apparition, l’arte povera n’a pas épuisé sa capacité magnétique à désarçonner le spectateur. A la Bourse de Commerce, l’étrangeté des œuvres, leur rusticité brutale, leurs formes dépourvues de fioriture, leur énergie contenue demeurent immenses, voire s’amplifient à la faveur des dimensions colossales du show qui dédient un espace spécifique à chacun des treize artistes affiliés à ce mouvement italien. Mais avant de les séparer, la curatrice, Carolyn Christov-Bakargiev, prend soin de rendre grâce à la nature collective des premières manifestations du mouvement. Les œuvres se serrent donc, en rond, au sol de la rotonde. On tourne autour de ce tas en saisissant, déjà, l’éclectisme formel de l’arte povera. Dans ce carousel, la silhouette d’un gisant dont le corps s’évanouit à hauteur de la taille dans ses draps, faits, comme lui, de marbre, par Luciano Fabro (Lo Spirato (1968-1973) voisine une cassolette métallique remplie de cire, et où Mario Merz fait briller, en néon bleu fluorescent, cette question : Che Fare ? (1968), tandis que les bouilloires fument et sifflotent au milieu de vêtements en chiffons (Orchestra di stracci-trio, Michelangelo Pistoletto). Cette manière d’installer en groupe et vaguement en vrac (un cordon tient le spectateur
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A Paris, l’arte povera fait son entrée en Bourse du Commerce
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«Che fare ?» (1968) de Mario Merz. (Adagp, Paris, 2024.)
publié le 10 octobre 2024 à 16h30
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