Le mercure monte au château de Tours. Exposé dans le cadre de la saison Brésil-France 2025, l’artiste brésilien Jonathas de Andrade chauffe les vielles salles en pierre du monument historique dans une réjouissante fête, où se déploient le désir, les corps des habitants du Nordeste mais aussi leurs frustrations et leurs révoltes. Car pour Jonathas de Andrade, la fête, au Brésil, va de pair avec la gueule de bois et le mal de crâne. N’est-ce pas dans la chouille que les masques tombent et que la vérité éclate ?
«Gueule de bois tropicale et autres histoires» est à la fois le titre de l’exposition mais aussi celui d’une œuvre, présentée au cœur du parcours. Mêlant le journal intime d’un gardien de parking dans les années 1970 avec des photographies de la ville de Recife, cette installation a fait connaître l’artiste, en 2009. On y perçoit un désenchantement, au fil des vues aériennes, des immeubles en construction et des clichés de fêtes ou de bronzette sur la plage (une archive dénichée chez un particulier). Sous ces clichés, en contrepoint, les phrases du gardien étalent ses multiples conquêtes féminines de façon mécanique, sans émotion. «Quand une amie a trouvé ce journal intime dans une poubelle, cela a explosé dans ma tête. Il me permet de raconter l’histoire d’une ville en ruines mais qui se réinvente. Dans cette œuvre, je cherche une tension, un contraste de température émotionnelle entre les photos personnelles, l’architecture et le texte.» De ce récit polyphonique