Il a tapé dans l’œil de Beyoncé… Et le rappeur Jay-Z lui a acheté plusieurs pièces. Moffat Takadiwa, nouvelle coqueluche de l’art africain, représente actuellement le Zimbabwe à la 60e Biennale de Venise. Il y est présenté avec d’autres artistes, sélectionnés par Rafael Chikukwa, directeur de la Galerie nationale du Zimbabwe, musée né en 1957, avant l’indépendance du pays. En France, c’est à la galerie Edouard-Manet de Gennevilliers que l’on peut admirer ses œuvres. De grandes tentures aux formes cellulaires et oblongues se détachent des murs blancs, comme en lévitation. Majoritairement noires et blanches, avec quelques touches de couleurs, ces tapisseries de figures géométriques, aux contours flous, scintillent discrètement.
Transpercer les objets
De loin, elles ressemblent à de la joaillerie ou à des ex-voto de sorcellerie. De près, l’œil fait le point et c’est le choc. Chaque tapisserie est constituée de milliers de petites pièces en plastique : bouchons, minifioles de sauce soja, touches de claviers d’ordinateur, poils de brosses à dents… Sous nos yeux, les déchets se matérialisent en tentures organiques, finement tissées, attirantes et dérangeantes, miroir d’une surconsommation saccageuse. «Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or», a écrit Baudelaire. C’est exactement ce que fait Moffat Takadiwa avec les ordures de son pays, rebuts le plus souvent envoyés en Afrique par les pays occidentaux.
Aidé par une petit