C’est un ballon de baudruche rouge gonflé à bloc qui, avec le temps, s’est vidé et ratatiné sur son socle de bois brun, n’y laissant qu’un ramassis de lambeaux de plastique. Le souffle de l’artiste Piero Manzoni s’est évaporé dans l’air et son œuvre, ou ce qu’il en reste, livre une métaphore pleine de légèreté de la création, de la vie, de l’orgueil et de la vanité de toute chose. Au centre Pompidou-Metz, l’exposition qu’ouvre ce Fiato d’Artista met en scène avec grâce et rigueur cette ambition démesurée qui porte les créateurs de gonflables, dans un large éventail de disciplines : attraper l’air, se laisser porter par lui, se faire aussi léger que lui, revient à renoncer à la lourdeur des objets en dur, y compris les œuvres d’art et les bâtiments lourds et statiques. Revient donc à faire souffler un vent nouveau, celui de l’utopie critique dans tous les champs de la société.
Aerodream, show de rêveurs, réussit en effet à entrelacer avec souplesse et pertinence les projets gonflés menés tant dans l’art que dans l’architecture, le design, l’industrie, voire la danse. Et si elle n’omet pas de rappeler que c’est avec les frères Montgolfier, au XVIIIe siècle, que le gonflable prend son envol (et plus tard Nadar, qui livre la première photographie aérienne), ni que lors de la Seconde Guerre mondiale, il sera utilisé dans des leurres qui feront prendre à l’ennemi les vessies pour des lanternes, des boudins pour des tanks, l’exposition privilégie une décennie, celle de