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Tribune

Affaire Yoann Bourgeois : 150 professionnels du cirque exigent le départ du chorégraphe du CCN de Grenoble

Quatre mois après la diffusion d’une vidéo anonyme dénonçant des pratiques de plagiat répétées de la part du célèbre chorégraphe, 150 professionnels demandent son éviction du centre chorégraphique national de Grenoble.
Le chorégraphe français Yoann Bourgeois, le 3 février à Marseille lors de la Biennale internationale des arts du cirque. (Francois Mori/AP)
publié le 28 mai 2021 à 18h55

Ils veulent «en finir» avec Yoann Bourgeois. Dans une tribune acerbe rendue publique ce vendredi, 150 professionnels du spectacle (directeurs, artistes, universitaires) exigent l’éviction du chorégraphe Yoann Bourgeois du centre chorégraphique national (CCN) de Grenoble, l’institution qu’il dirige. Dans la tourmente depuis février, le célèbre acrobate et chorégraphe français fait l’objet d’une polémique pour plagiat dans le milieu du cirque.

Le scandale éclate après la diffusion d’une vidéo anonyme, le 6 février, sur la plateforme Vimeo. Intitulée l’Usage des œuvres, celle-ci compare des extraits de pièces de sept artistes avec des passages de spectacles créés ultérieurement par le chorégraphe et acrobate. Pendant dix minutes, la vidéo montre ainsi de nombreuses similitudes entre les œuvres.

Dans une enquête de Libé publiée en mars, de nombreux artistes et anciens collaborateurs, parfois explicitement cités dans la vidéo, ont témoigné de leur sentiment de dépossession face à des «emprunts» répétés du chorégraphe, sans avertissement, sans demande de consentement, voire sans mentions.

«Posture écrasante» sur ses pairs

«Par un glissement sémantique, en qualifiant le travail des autres de “motif”, Yoann Bourgeois s’arroge le droit de l’utiliser comme si c’était le sien, sans accord ni rétribution, en leur déniant même leur qualité d’auteur·e», écrivent ce vendredi les signataires de cette tribune. Ceux-ci dénoncent la posture «écrasante» du chorégraphe sur ses pairs dans un milieu marqué par des jeux de domination et de rapports de pouvoir.

Aujourd’hui, les 150 artistes, directeurs d’établissements culturels et universitaires appellent les institutions de tutelle à se prononcer. Sont nommément visées la Direction générale de la création artistique (DGCA), la direction régionale des affaires culturelles (Drac), mais aussi la ville de Grenoble, qui jusqu’à présent n’a pas réagi aux accusations. «Nous voulons interpeller celles et ceux qui soutiennent Yoann Bourgeois, en le subventionnant ou en le programmant. Nous leur demandons une prise de position», écrivent les signataires, qui refusent d’attendre d’éventuels verdicts de procès pour condamner les agissements du chorégraphe.